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CinéManiaCannes 2009



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Le Blog invité au 62° festival de Cannes par
Orange Cinéma Séries..
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Cannes 2009 de J1 à J12

Nuage de mots-clés des articles


Palmarès du 62° festival de Cannes : Haneke palme d'or sous la présidence Huppert

J12, dimanche 24 mai 2009



24 - 05
2009
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Michael Haneke et Isabelle Huppert   /   Isabelle Adjani et Roschdy Zem

  


  
 
On avait pensé qu'elle serait gênée d'avoir tourné avec Haneke, pas du tout, elle l'a fait, la palme d'or est allée au lugubre "Le Ruban blanc" qui ne risque pas de faire un tabac en salles. En revanche, le Grand Prix est revenu à Jacques Audiard pour "Un Prophète", un film qui avait fait l'unanimité. Resnais écope de la création d'un prix exceptionnel, sans doute pour mettre le jury d'accord... Trois prix au cinéma asiatique : "Thrist" du réalisateur coréen Park Chan-wook, prix du jury, "Nuits d'ivresse printanière" du réalisateur chinois Lou Ye, prix du scénario et Kinatay" du réalisateur philippin Brillante Mendoza enfin reconnu par ses pairs, prix (bien mérité) de la mise en scène. La réalisatrice anglaise Andrea Arnold, qu'on aurait bien vu Palme d'or, obtient le prix du jury ex-aequo pour "Fish tank". Pour faire la paire avec le sadisme de certaines scènes du "Ruban blanc", le prix d'interprétation féminine est allé à Charlotte Gainsbourg pour son éprouvante prestation dans le film le plus taré de la sélection "Antichrist" de Lars Von Trier. L'acteur autrichien Christoph Waltz décroche le prix d'interprétation masculine dans "Inglorious basterds" de Quentin Tarentino.

Soit dit en passant, je donnais mes trois favoris sur ce blog hier : "Fish tank", "Un Prophète" et "Kinatay"!!!


Prix du jury ex-aequo

"Fish Tank" d'Andrea Arnold et "Thirst" de Park Chan-wook

Prix du scénario

"Nuits d'ivresse printanières" de Lou Ye

Prix de la mise en scène

"Kinatay" de Brillante Mendoza

Prix exceptionnel

"Les Herbes folles" d'Alain Resnais

Prix d'interprétation féminine

Charlotte Gainsbourg dans "Antichrist" de Lars Von Trier

Prix d'interprétation masculine

Christoph Waltz dans "Inglorious basterds"

Grand Prix

"Un Prophète" de Jacques Audiard

Palme d'or

"Le Ruban blanc" de Michael Haneke





  
Jacques Audiard et Willem Dafoe   /   Brillante Mendoza

 
Andrea Arnold, Laura Morante et Park Chan-wook / Charlotte Gainsbourg et Paolo Sorrentino


  
l'équipe du film "Nuits d'ivresse printanière"  / Christoph Waltz



Charlotte Gainsbourg



    
Asia Argento / Isabelle Adjani


 
Shu Qi
  
  

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"Enter the void" de Gaspard Noé, psychédélique et poétique trash

J12 sup, dimanche 24 mai 2009



23 - 05
2009
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Comme par miracle, le dimanche du palmarès à Cannes, la projection de rattrapage démarrant vers 14h30, on a fait passer quelques cinéphiles, j'ai pu donc voir "Enter the void" ("Soudain le vide"), le film de Gaspard Noé présenté en séance unique le vendredi, le film qui a fait fuir les spectateurs, ironisé les critiques ciné mais l'avis du "Nice-matin" et du "Figaro" (seuls journaux qu'on donne dans les hôtels) n'ont pas suffi à me décourager... Heureusement... J'ai immédiatement aimé ce film captivant dès la première image, sans jouer les pro, avec  le temps, on sait immédiatement dès les premières images si on va aimer un film. Un film psychédélique assez seventies upgradé années 2000, matiné d'une poétique plutôt naïve et habillé d'une esthétique trash qui a sans doute rebuté. Mais le milieu des junkies est-il clean? La tentative de Gaspard Noé d'occuper l'espace mental de son héros le plus souvent en caméra subjective, un peu comme Mendoza dans "Kinatay" (Prix de la mise en scène au Palmarès 2009) décrit le cauchemar intérieur du jeune policier embringué dans une expédition punitive (seconde partie du film "Kinatay" qui a choqué car, comme on l'a entendu dire "on n'y voit rien"!!!), donne un cinéma des sensations et non plus un cinéma des émotions, souvent complaisantes, voire tire-larmes, auquel chacun peut s'identifier.

Le film est construit en flash-backs entremêlés, en flashes de la mémoire percutant l'âme d'un junkie qui vient d'être abattu par la police. Oscar, un jeune junkie français habitant à Tokyo se gave des substances illicites les plus fortes, devenu dealer pour payer sa drogue et avoir les moyens de faire venir sa soeur Linda de Paris dont on verra plus tard qu'ils sont tous les deux des orphelins depuis l'accident de voiture qui a tué leurs parents. En allant livrer de la drogue à un copain/client, Oscar tombe dans un piège et est abattu dans les toilettes d'une boite sordide "The Void". Quand Oscar est tiré comme un lapin dans les toilettes crades du "Void", il est filmé mort en position foetale, une très belle image récurrente même si l'esthétique est trash mais les junkies rodent-ils dans des endroits clean avec papier à fleurettes pour leurs deals minables quand ils sont en manque? Depuis cet instant, on revoit des pans de la vie d'Oscar qui semblent être les réminiscences de la mémoire d'une  âme dans l'antichambre de la mort définitive, Oscar mort se souvient, c'est une manière d'amener les flash-backs d'autant plus poétique que le meilleur ami d'Oscar lui a donné à lire "Le Livres des morts" (des tibétains), un livre qui décrit le passage de la vie à la mort, notamment la lumière blanche et les halos que les âmes rencontrent lors de leur transfert. D'où ces écrans blanc, jaunes, éblouissants, psychédéliques correspondant au passage ultime. Des écrans scintillants que le réalisateur utilise aussi en insert pour décrire les badtrips, les trips tout court des consommateurs de drogue. Mais plus déroutant que ces inserts franchement psychédéliques, avant sa mort, voire dans  la plupart des séquences de souvenirs correspondant à la même période de consommation de drogues, Oscar est filmé en caméra subjective comme à l'intérieur de son esprit embrumé,  entendant la voix de ses interlocuteurs déformée comme dans un écho désagréable, en plein trip avec toutes les sensations modifiées (c'est cela que le réalisateur veut montrer) ; après sa mort, Oscar est filmé le plus souvent de dos, fantôme qui se souvient, témoin de sa propre vie (ce qui a déplu...)...


 

En agonisant, en passant de la vie à la mort, Oscar se souvient le plus qu'il peut pour ne pas abandonner sa soeur Linda à qui il en a fait la promesse : de leur enfance, de leurs parents, de l'accident de voiture dont on les a extraits enfants (un choc violent assourdissant qui fait sursauter le spectateur à la mesure du choc de perdre ses parents d'une minute à l'autre) qui les a laissé orphelins, de ses cauchemars sur l'accident de voiture. Ensuite, on a séparé Oscar et Linda, chacun a été envoyé dans un orphelinat... Oscar se souvient des demandes anxieuses de Linda depuis l'enfance de ce qu'elle deviendrait s'il mourrait, à qui il a promis de ne jamais la quitter même après sa mort... Oscar se souvient de l'arrivée de Linda à Tokyo qui trouve un boulot de strip-teaseuse dans un club minable, maquée avec le patron japonais qui l'aime bien à sa manière, c'est ainsi qu'on la découvre, couchant avec son patron dans sa loge en tenue dévêtue de travail, des talons roses géants phalliques aux pieds, défoncée elle aussi, tandis que son téléphone portable sonne dans le vide pour lui annoncer la mort de son frère, le sexe et la mort, toujours...



Les scènes d'Oscar et Linda enfants, adolescents, filmées de manière beaucoup plus classique dans une lumière soleil passé de photo un peu jaunie (les autres scènes étant teintées de couleurs fortes et violentes, rouge, violacé, bleu, noir), sont d'une poétique presque naïve, seuls instants d'amour et de confiance, ils sont accompagnés systématiquement d'une musique de Bach (je pense, un morceau proche du concerto d'Albinoni). Car c'est d'une histoire d'amour qu'il s'agit, fut-elle fusionnelle et quasi-incestueuse, l'histoire de deux enfants orphelins seuls au monde qui se détruisent, animés par un seul désir : être ensemble, se réunir après qu'on les ait séparés de force à la mort de leurs parents. Bien entendu, le fossé entre l'univers complaisamment glauque d'Oscar et Linda à Tokyo et la lumière de leurs souvenirs d'enfance (lumière froide, pâlie d'une enfance de plus en plus lointaine) est exagéré. Très stylisé, presque caricaturé, le film ne cherche pas à être réaliste mais à opposer deux mondes de sensations, au moyen d'une esthétique trash, cauchemardesque, "badtripesque" ; le projet du film semble être que que le spectateur partage la perception mentale d'Oscar de l'intérieur, en cela, le film peut-être qualifié d' expérimental, comme je l'ai entendu à Cannes par les mieux intentionnés qui s'étaient donné la peine de décoder l'univers de "Soudain le vide", le titre est pourtant on ne peu plus clair, si j'ose dire...

J'ai aimé ce film innovant et kamikaze même si tout est trop démonstratif, qu'on sent trop cette volonté de faire partager au spectateur les sensations, les cauchemars, les trips sous acides divers avec des moyens un peu artificiels mais la démarche est sincère, celle d'un cinéaste qui veut dépasser l'image, montrer l'immontrable, l'impalpable, le nirvana chimique mortel, en deux mots, tenter de faire comprendre, ressentir, vivre/mourir! la défonce d'un junkie, sa soif insatitiable et suicidaire d'extase et d'inconnu et quoi de plus inconnu que la mort ("La mort est le trip ultime" dit le copain d'Oscar)?

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Cinéphiles interdits de projections dimanche, dernier film en sélection "Map of the sounds of Tokyo"

J11, samedi 23 mai 2009



23 - 05
2009
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Aucune envie aujourd'hui d'aller faire de la retape aux alentours du tapis rouge pour aller voir à 19h l'avant-dernier film en compétition "Visage" de Tsai Ming-liang, sorte de remake de "La Nuit américaine" de Truffaut avec la transplantation de son acteur fétiche Jean-Pierre Léaud. La présence de l'acteur culte de la Nouvelle vague sur les marches a néanmoins apporté une salutaire dosette de cinéma cinéphile à Cannes quand tous les quotidiens s'extasient de la troisième grossesse de la "nouvelle Laetitia Casta" (platine car elle vient de jouer Bardot dans le film sur Gainsbourg) au générique également du film "Visage", l'ex-top model, ambassadrice aujourd'hui de L'Oréal, ayant monté les marches avec son mari l'acteur italien Stephano Accorsi.

En revanche, j'avais une invit d'Orange (merci de m'avoir aidée pour les films de la sélection!) pour le dernier film en compétion à 22h30 "Maps of the sounds of Tokyo" d'Isabelle Coixet, objet branché hispano-japonais dans le genre je fais des superphotos trop tendance, étonnant que ce film ait atterri dans la sélection officielle d'ailleurs bien décevante dans l'ensemble alors qu'on n'avait sur le papier que trop de noms fameux. Le spectacle était plutôt sur les marches où l'actrice Rinko Kikuchi s'est
durablement pris le pied chaussé d'escarpin vernis dans sa robe longue immaculée et a remis ça à la sortie, hilare, au point que son partenaire Sergi Lopez a fini par la prendre dans ses bras comme une jeune mariée pour descendre les marches, la comédienne a vraiment assuré en riant de ses mésaventures.

Pour demain dimanche, la tuerie des cinéphiles se poursuit avec interdiction des porteurs de Pass cinéphiles d'assister aux projections, soit les séances de rattrappage de TOUTE la sélection officielle dans les différentes salles du Palais des festivals, même la salle Debussy, où on pouvait encore entrer durant la semaine pour Un Certain regard, leur sera fermée demain et Dieu sait s'il va rester des places quand on voit ce samedi soir combien la salle du Grand théâtre Lumière était clairsemée, sans parler du dernier tapis rouge avec seule Lio en robe mauve et chaussures rouges et l'équipe du film pour animer la place. Ce pass cinéphiles n'aura donc servi à rien cette année pour voir les films en sélection officielle, les malheureux cinéphiles ont passé leur semaine à faire du négoce d'invit, à quémander, à supplier qu'on leur donne une invit bleue comme les spectateurs pas accrédités du tout (pourquoi faire un dossier dès le mois de février?) ; pas mal d'entre eux cherchaient encore ce soir une invit bleue, les invit marron qu'on pouvait utiliser les quatre premiers jours du festival ayant été subitement mises à l'index pour les détenteurs de Pass cinéphiles depuis une semaine (dimanche matin, le couperet est tombé)... Un cinéphile furieux m'a dit ce soir à l'entrée, son invit marron caduque à la main, qu'il avait déjà envoyé un courrier de protestation au délégué général du festival Thierry Frémeaux et il ne sera pas le seul, moi-même ait l'intention d'envoyer un courrier à la direction du festival de Cannes dès mon retour à Paris (la copie de cette démarche sera publiée sur mes deux blogs, le spécial Cannes ici présent et mon blog principal www.cinemaniac.fr). C'est d'ailleurs la dernière année que je fais un blog spécial festival de Cannes, dès cet été , il sera entièrement supprimé sous cette forme et mis en archives avec les éditions précédentes. Il y a des limites à traiter comme des parias*** des festivaliers qui n'ont rien à vendre, ont dépensé des fortunes pour se loger, pris des congés pour assouvir leur passion, et ces limites sont largement dépassées, basta! 
Une journaliste du Monde s'en est même émue que je remercie au passage, on peut lire son article ici...

*** (Et je ne parle même pas de mon cas personnel où une sous-chef de l'administration a même refusé au groupe Orange qui m'invitait au festival de Cannes leur demande de Pass à mon nom sous prétexte d'une demande fantôme antérieure de ma part, prenant soin que j'ai déjà payé mon exhorbitante note d'hôtel à l'avance, onze nuits non remboursables, pour les en informer la veille de l'ouverture!!!, pour mon cas en particulier, je ferai une démarche complémentaire qui, je pense, ne passionnera pas le lecteur, donc, je passe pour l'instant, j'en parlerai cependant ultérieurement sur mon blog principal www.cinemaniac.fr.)

Pour revenir en deux mots sur cette triste fin de festival de la frustration cinéphile, il semble que le grand évènement de dimanche ne soit pas tant le palmarès parti pour décevoir tout le monde mais la présence à la cérémonie de clôture des deux Isabelle : Huppert, la présidente, et Adjani, descendue au Martinez, qu'on a appelé à la rescousse glamour pour remettre la caméra d'or au lauréat. 


Les Films préférés de www.cinemaniac.fr vus en sélection :

"Fish tank" d'Andrea Arnold, "Un Prophète" de Jacques Audiard et, comme outsider, "Kinatay" de Brillante Mendoza.
 








 
La Plage Orange à J11, on ferme!

Ne restait cet après-midi sur la Plage Orange que quelques pélerins, pourtant, un serveur me dit que le chiffre d'affaire est presque en hausse par rapport à l'année dernière, un ilôt cannois épargné par la crise... Dernière célébrité aperçue : un frère Bogdanov sans son jumeau avec des énormes chaussures de marche (sur la Lune?) Donc, ce soir la Plage O a fermé les portes de sa construction éphémère sur le site de la Plage Royale en temps normal à Cannes. Les gens du staff Orange ont commencé leur remontée sur Paris, de toute façon ce qui se passe ce samedi n'intéresse pas grand monde, on attend le palmarès...
 




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Dernières stars sur la Plage Orange, éclats de mémoire dans "The Time that remains" d'Elia Suleiman

J10, vendredi 22 mai 2009



22 - 05
2009
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Avant-dernier jour de la compétition, on croise de en plus de festivaliers "morts" de fatigue, le manque de sommeil grignotant l'objectivité quand ce n'est pas la lumière qu'on éteint dans une salle de projection agissant pas aussitôt comme un soporifique puissant... On court, on répond au téléphone, on cherche des invit, on attend, on passe les contrôles, et au dernier moment, on s'écroule, trop pour un seul blog... A la plage Orange cet après-midi, en revanche, on accélère, interviews en série pour le film en compétition "A l'Origine", Cluzet, Soko, Giannoli, tous sur le pont...

Pas pu obtenir d'invit pour la projection unique du Gaspard Noé "Soudain le vide", le trip hallucinogéné tourné à Tokyo, quatrième film français (en anglais) en compétition projeté à 14h30, dommage, j'ignore si j'aurai le droit  à le voir en séance de rattrapage dimanche pendant que le jury délibère sur les hauteurs de Cannes, mon Pass cinéphiles ne donnant accès à pas grand chose et pas non plus à la salle du 60° anniversaire où on repasse la plupart des films le dernier jour pour les retardataires ; on attend les consignes, la liste imprimée devrait paraître aujourd'hui...

22h 30, montée des marches de l'équipe du film "The Time that remains" du réalisateur palestinien Elia Suleiman au bras de sa compagne, jeune chanteuse libanaise, en sublime robe lamé argent signée Elie Saab. Peu de monde sur le tapis mais un public dense cinéphile qui sera conquis par le film, beaucoup d'applaudissements après la projection. La cinécritique Elisabeth Quin (CinéQuin, Paris-Première), deux jambes nues portant comme un pull une étonnante micro-robe avec étroit boléro en lamé noir, suit courageusement sur ses talons trop hauts le réalisateur Elia Suleiman avec sa petite caméra portable. No star's land ce vendredi soir à Cannes mais la foule des touristes de cet immense WE de l'Ascension aux portes du Palais résiste. Demain, on attend les égéries de Chanel (Anna Mouglalis pour le film de clôture, encore sur Coco Chanel mais période Stravinsky, après celui d'Anne Fontaine encore à l'affiche "Coco avant Chanel") et de L'Oréal, Laetitia Casta (avant-dernier film en compétition "Visage" de Tsai Ming-liang avec Jean-Pierre Léaud).



Elia Souleiman



"The Time that remains" d'Elia Suleiman


sortie 12 aout 2009
 
Succession de petites scènes, de tableaux vivants figés dans le temps, de micro-événéments récurrents qui impriment la mémoire comme une photo souvenir, ce film est un ovni dans la sélection 2009, un peu entre Woody Allen et Jacques Tati. Une vie comme automatisée où la violence n'empêche pas le train-train quotidien, le grotesque de certaines situations fait penser un peu pour le fond à la tragicomédie à l'italienne mais le manière de filmer est unique, des cadrages comme des arrêts sur image, la lumière surpexposée déjà naturellement éblouissante. Des petites histoires chorales, qui, juxtaposées, font une vie entière, de 1948 à nos jours en Palestine. Cependant, il va sans dire que le film peu bavard, sans fil narratif que les éclats de la mémoire, n'est pas "grand public" mais matériau de réflexion et courageuse approche poétique d'une réalité politique tragique. Comme le film de la veille, "Le Ruban blanc" de Haneke, on y repense ensuite, on comprend un peu après coup ce que le réalisateur a voulu nous montrer, nous dire... (compliqué en fin de festival...)


Lire la critique superbe de Jacques Mandelbaum sur le Monde.fr...


 
De la Plage Orange à J10...

Serial interviews à  la plage Orange cet après-midi pour le film "A l'Origine" coproduit pas Studio 37, la filiale production toute neuve d'Orange. Sur un canapé, François Cluzet, le premier rôle, donne une interview. Dans la salle de restaurant sous bâche, on filme d'abord le réalisateur Xavier Giannoli, séduisant quadra brun aux yeux bleus d'origine insulaire (la Plaine, sur la côte est en Corse), puis, Soko, son actrice arrivée de la chanson sur le tournage.

Le dos à la mer, un paravent pour les interviews Universal du premier film du réalisateur brésilien Heitor Dalhia, "A Deriva", coproduit par Fernando Meirelles, avec Vincent Cassel au générique choisi d'abord parce qu'on l'avait entendu parler portugais couramment... et qui va d'ailleurs tourner un second film au Brésil adapté de "Onze minutes" de Paolo Coelho (avec aussi Mickey Rourke au générique). L'actrice principale de "A Deriva", Debora Bloch, star de la telenovela au Brésil, a quitté le tournage de la novela "Caminho das indias" quatre jours, aller et retour à Cannes compris, super-pro posant les cheveux dans le vent, superbe.


Qui est le plus beau d'Heitor Dahlia ou de Xavier Giannoli? Les réalisateurs aujourd'hui sont souvent plus séduisants que les acteurs... En tout cas, les deux sont sympas, abordables... Mention spéciale au Brésil pour la disponibilité : Heitor Dalhia, sa coscénariste (photo), puis Debora Bloch, malgré leur emploi du temps surchargé, posent gentiment à notre demande.

  
François Cluzet, Soko



Xavier Giannoli, Heitor Dalhia

 
Debora Bloch, Heitor Dalhia



 


Les Sections parallèles :

Le dernier coup de coeur de Tadah!blog : "Mourir comme un homme" , une fantaisie transexuelle, pour reprendre le titre de son billet, vu dans la section "Un Certain regard".


Cannes chez soi...

Comme je suis invitée par Orange à suivre le 62° festival de Cannes (
voir mon billet précédent...), outre mon billet de la Plage Orange entre J1 et J12, je donnerai tous les jours une idée de programme qui me plait sur Orange Cinéma Séries spécial Cannes du lendemain...




samedi 23 mai à 23h10 sur Orange cinénovo, "N'oublie pas que tu vas mourir" (1996) de Xaxier Beauvois : un étudiant apprend qu'il est séropositif trois jours avant son incorporation à l'armée...




 

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Jeudi tendance soporifique en fin de sélection officielle : 2 fois 2h30 "A l'Origine", autoroute, et "Le Ruban blanc", sévices en noir et blanc

J9, jeudi 21 mai 2009



21 - 05
2009
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Deux films de 2h30 en fin de festival, c'est sadique, et le film de Haneke "Le Ruban blanc" l'étant aussi, comment trouver le sommeil même si on en manque cruellement dans ce que d'aucuns tiennent à étiqueter le rêve cannois. A Cannes ce jeudi, on présentait le troisième et dernier film français en compétition "A l'Origine" de Xavier Giannoli avec et sans Depardieu présent à Cannes mais s'occupant de son vin dans les cuisines du Majestic au lieu de monter les marches avec l'équipe du film même s'il n'a qu'un rôle de guest star. La piquette de Gérard, les diamants pas éternels de Chopard, les ambassadrices L'Oréal (discrètes cette année), le gala Sharon Stone de l'Amfar avec Bill Clinton, les actrices porte-marques/manteaux et le cinéma en arrière-plan...

Donc, montée des marches numéro 1 pour "A l'Origine", le premier film de 2h30 de la soirée du réalisateur corse Xavier Giannoli, déjà en compétition en 2006 pour "Si j'était chanteur" avec Depardieu et déjà l'histoire d'une imposture. Afin d'animer le tapis bien clairsemé cette année, après celle des Chtis l'année dernière, on a invité l'équipe de "La Première Etoile" de Lucien Jean-Baptiste, le succès comédie de l'année, qui monte les marches avec Firmine Richard, blond platine, et la filiforme Anne Consigny flottant dans une robe en satin rouge, tout le monde en moon-boots. Anne Parillaud répond au micro en bas du tapis qu'elle est à Cannes sur invitation de Gilles Jacob à monter les marches pour ce film sans "actu" ciné à promouvoir. Ce qui n'est pas le cas d'Emmanuelle Devos qui a deux films en compétition, premier rôle face à François Cluzet dans "A l'Origine", on l'avait déjà vue sur les marches pour le film de Resnais en compétition la veille "Les Herbes folles".  Autre actrice populaire : Hélène de Fougerolles, piquante en fausse collégienne du soir et extension de cheveux en catogan, rien à présenter à Cannes mais bientôt à l'affiche du film "Menteuses". La montée des marches 2 de 22h00 sera à l'échelle du film "Le Ruban blanc" : stricte et austère, je n'ai aperçu que  son réalisateur Michael Haneke et ce que je pense être son épouse (à vérifier).

 

    
Aïssa Maïga


  
Hélène de Fougerolles



"A l'Origine" de Xavier Giannoli


sortie novembre 2009

 
Comme je me suis endormie, je suis sortie de la salle au bout d'une heure, néanmoins, le film semble avoir plu aux festivaliers, surtout ensuite  après la première heure... qui ont ovationné l'acteur principal après la projection... Casting intelligent, histoire d'une imposture, d'un petit escroc (François Cluzet), comme tout le monde pourrait l'être dans de pareilles circonsctances, SDF sorti de prison, qui de combines minables en tentatives de réinsertion, va finir par s'improviser entrepreneur et faire redémarrer le chantier d'une autoroute, une route qui finira par le dépasser et croise notamment celle de la maire du village (Emmanuelle Devos)... Ce film a été écrit à partir d'une histoire vraie, un fait divers lu par Giannoli dans le journal, le type a disparu mais le juge qui a instruit l'affaire a été conseil sur le tournage.

Voir la critique du film sur le blog Laterna Magica...


Emmanuelle Devos (photo Isabelle Vautier)


"Le Ruban blanc" de Michael Haneke

   
sortie 21 octobre 2009


Film très dur, austère, avec quelques scènes insoutenables, c'est surtout en sortant de la salles, plus tard, en y réfléchisssant (si on peut encore avec le manque de sommeil), qu'on comprend pourquoi Haneke a fait ce film. Un film en noir et blanc plein de blanc, la neige, le vide, l'ennui, et de noir, les actes de violence, la veille de la première guerre mondiale, la fabrication de petits monstres qui seront les futurs nazis... Film intellectuel sans la moindre concession au spectateur, si on se laisse prendre aux costumes d'époque, au noir et blanc de l'image, au rythme atone, en se disant qu''Haneke a renoncé à la violence ostentatoire en milieu familial ("La Pianiste"), c'est pour frapper plus fort plus loin. Car ce film raconte la construction psychologique des acteurs  de l'horreur, mine de rien, la naissance de bourreaux encore enfants qu'une éducation d'une rigidité délirante va dérégler et rendre sadiques.

Dans un petit village allemand, punitions, interdictions et châtiments corporels sont la loi familiale ordinaire, les enfants semblent à la fois résignés et terrorisés. Soudain, sur une voix off monocorde un brin soporifique, un narrateur raconte comment des événements étranges surviennent pour troubler l'ordre du village. Un fil  invisible tendu en travers du jardin fait chuter le médecin de cheval, il passe un mois à l'hôpital, une ouvrière meurt après un changement de poste de travail, on incrimine le baron de qui elle était employée comme la presque totalité du village travaillant sous ses ordres. Plus tard, on torture l'enfant handicapé de la sage-femme qui est la terne et laide maîtresse du médecin. Par un hasard qu'il ne remarque qu'à posteriori, le narrateur rencontre un groupe d'enfants du village venu prendre des nouvelles lors des accidents...

La juxtaposition de l'éducation intégriste des enfants du pasteur, par exemple, l'ado dont on attache les mains la nuit pour lui éviter les tentations..., le ruban blanc que le père leur fait porter pour les exhorter à la pureté, les coups de fouet dont on persuade les enfants que les parents en souffriront davantage qu'eux, tout cela en regard des déviances hypocrites, personnage ignoble du médecin qui abuse de sa fille, humilie sa maîtresse comme feu son épouse, tout cela va concocter de la dynamite, la fabrication de monstres conditionnés aux sévices et qui les reproduiront, la future génération nazie.

Le film le plus dur le la sélection et sûrement le plus pervers mais pas gratuitement, au service d'une démonstration conciliant l'individuel et le collectif, la politique, un choc à effet retard. Pas pour tout public, loin s'en faut...



La Plage Orange à J9 :

Pour être tout à fait honnête, je n'y suis pas restée plus d'un quart d'heure, la préoccupation de dégoter des invit ayant pris le dessus, vu seulement Thierry Ardisson, invité du jour du Buzz média Orange.fr/Figaro.fr, le visage aussi marron que celui de Séguéla, l'homme à la réussite évaluée en Rolex. Ardisson l'animateur, féru de cinéma américain, est devenu A le producteur, spécialiste du pitch (argument du film en quelques mots) dont il faisait grand usage dans ses émissions, il semble en avoir fait le concept de ses productions cinéma. J'aurais préféré voir le charismatique Vincent Cassel, crâne et sourcis rasés, casquette, passé la veille à la Plage Orange mais que j'ai loupé, à l'affiche du film brésilien "A Deriva" d'Heitor Dalhia, une histoire romantique nostalgique se passant à Buzios, plage à trois heures de route de Rio de Janeiro, rendue célèbre par Bardot dans les années 60 (il existe une statue d'elle là-bas et une promenade portant son nom) présenté ce jeudi soir à Un Certain regard que je verrai à Paris en séance de rattrapage la semaine prochaine.
Lire ma critique du film "A Deriva"...




Cannes chez soi...

Comme je suis invitée par Orange à suivre le 62° festival de Cannes (
voir mon billet précédent...), outre mon billet de la Plage Orange entre J1 et J12, je donnerai tous les jours une idée de programme qui me plait sur Orange Cinéma Séries spécial Cannes du lendemain...


Vendredi 22 mai à 22h40 sur Orange cinégéants, à ne pas louper,  "Un Condamné à mort s'est échappé" (1956) de Robert Bresson, attention
chef d'oeuvre!!! qu'on trouve difficilement en DVD.





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La jungle avec "Nymph" dans Un Certain regard à défaut de Tarentino

J8, mercredi 20 mai 2009



20 - 05
2009
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Avec ce maudit WE de l'Ascension, c'est comme si on avait trois WE pendant le festival de Cannes, donc trois bouchons avec la probabilité zéro invit qui augmente... Et quand Brad Pitt et Tarentino déboulent sur le tapis, les demandeurs d'invit sont aussi chics que les invités, peut-être plus... Du moins à hauteur du Majestic... J'en arrive même à demander une invit à Ursula Andress qui répond gentiment qu'elle n'en a pas que pour elle, etc... L'ange gardien en chef d'Orange qui me donnait des invit bleues de temps en temps étant parti sous d'autres cieux, no Tarentino today... mais le buffet de la gare ou presque, le resto face à la salle Debussy où un allemand beugle sur la terrasse qu'il ne faut pas fumer en plein air dans SA direction, toujours cette ambiance sympa à Cannes d'interdictions d'à peu près tout... Orange m'a pourtant donné deux invit pour le film d'horreur ("Jusqu'en enfer" de Sam Raimi, hors compétition) de cette nuit au Grand théâtre lumière mais Cannes se suffisant à lui-même parfois pour cette mission, ce n'est pas le jour... je les échange contre des tickets pour la jungle Thaïlandaise que je rejoins avec Jonathan de "Tadah! blog", expert en sections parallèles du festival cette année... un film contemplatif pour le dire vite par Pen-Ek Ratanruang, le réalisateur de "Ploy" sorti l'année dernière. On est mieux dans la forêt que sur la cruelle Croisette qu'on oublie 2 heures durant  et celle de "Nymph" est somptueusement filmée... 


Brad Pitt à Cannes pour "Inglorious basterds" (photo Isabelle Vautier)

Auparavant, faute d"Inglorious basterds" et privée d'admirer Brangelina, je joue les photographes pour me détendre.. Emma de Caunes pose avec les fans, très disponible et féminine dans un mini-fourreau lamé noir, passe ensuite l'héroïne du "Guépard", Claudia Cardinale, tout sourire, accompagnée de son mari Pascale Squitieri. La soirée est à la pose, après le film "Nymph" , l'actrice principale (Wanida Termthanaporn) fait une séance photo spontanée dans le hall de la salle Debussy et signe des autographes. Après une halte chez Haagen Daaz, je prend mes messages, mon mari vient de perdre brutalement son papa, sa peine muette me fait honte de ce qu'est devenue mon échelle de valeur ici, en avoir ou pas (des invit pour monter les marches), pendant qu'on essaye de se parler au téléphone, les klaxons et les moteurs hurlent rue d'Antibes, les fêtards cannois insatiables poussent des cris hystériques des restos et clubs divers depuis les rues adjacentes, la société des loisirs qui ne s'essoufle jamais mutile ce qu'il reste des âmes, à Cannes, on a un aperçu du totalitarisme du loisir automatisé forcené...


     


 

 
"Nang mai" ("Nymph") de Pen-Ek Ratanaruang



 
Une légende raconte qu'une femme poursuivie par deux hommes dans la forêt, première scène du film, disparait et laisse derrière elle le cadavre de ses deux agresseurs, qu'on montre flottant à plat ventre sur l'eau... Le réalisateur a dit avant la projection que "Nymph" est une histoire d'amour entre un homme, une femme et un arbre, qu'on dit que certains arbres ont des pouvoirs... May et Nop sont mariés depuis longtemps et ne s'entendent plus, il sait qu'elle le trompe avec son patron au bureau... Pour tenter de réparer leur couple, May suit Nop dans ses reportages photo en forêt... Bientôt, Nop, le mari, est attiré par un arbre étrange, puis, il disparait...

Lire une critique complète du film sur Tadah! blog...


Cannes chez soi...

Comme je suis invitée par Orange à suivre le 62° festival de Cannes (
voir mon billet précédent...), outre mon billet de la Plage Orange entre J1 et J12, je donnerai tous les jours une idée de programme qui me plait sur Orange Cinéma Séries spécial Cannes du lendemain...


Jeudi 21 mai à 20h40 "My Forbidden past" ("Mon Passé défendu", 1951) de Robert Stevenson : la rencontre de la sublime Ava Gardner avec Robert Mitchum sur Orange cinégéants.


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Espagne et Italie mardi, quand Almodovar veut la palme et "Vincere" de Bellocchio la peau du Duce

J7, mardi 19 mai 2009



19 - 05
2009
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Vu et photographié! aujourd'hui les trois présidents de jury, Isabelle Huppert, présidente du jury de la sélection officielle, Paolo Sorrentino,  président de la section parallèle Un Certain regard, et Roschdy Zem de celui de la Caméra d'or. Madame Huppert est passé très cool en faisant un petit signe de la main, sans s'attarder trop non plus, la classe... La diva anti-diva, à la fois inacessible et simple, se rendait à la projection d'"Etreintes brisées" d'Almodovar présenté à 19h30 et on l'a revue ensuite à celle de 22h20 "Vincere" de Marco Bellochio, précédé d'une réputation d'ennui colportée par ceux qui l'avaient vu le matin, non usurpée, je dois dire... On ralentit le rythme, le manque de sommeil aidant,  la fatigue se fait sentir, la plage Orange, j'en sors, j'y retourne, je vais me déguiser en chic pour monter les marches d'"Etreintes brisées", puis, je change d'avis, je décide de troquer ma place pour l'Amodovar (qui sort le lendemain en salles dans toute la France) contre une invit pour "Vincere" de Bellochio et tente auparavant mon Pass cinéphiles déclassé depuis dimanche pour "L'Enfer" de Clouzot, je me fais virer méchamment, c'était loin d'être complet, les frères Dardenne, qui ont donné la leçon de cinéma du festival 2009, s'y rendent d'un pas alerte. J'avais déjà été expulsée d'un canapé de la plage Orange où le restaurant Costes ne met pas les formes pour vous dégager, et de deux! (Cannes, c'est au moins trois portes qui claquent par jour). Cette mise au rebut me permet de rencontrer l'équipe du blog Cannesenlive, Jerôme, Sébastien et Olivier, de qui je récupère l'invit sur la plage le Goéland et je leur emboite le pas pour dîner, un vrai dîner au resto en parlant ciné, sans avaler une salade au lance-pierres, ça se fête... Depuis une semaine qu'on galope, je ne voyais aucun cinéblogueur que sur des textos, je me rattrappe... Un gâteau au chocolat avec Sandra de "In the mood for Cannes" en rentrant à l'hôtel, un verre nocturne avec mon Voisin blogueur Jonathan de Tadah! blog en sortant de la projection de "Vincere".

Cependant, je dois dire que la joie de monter les marches ce soir a été grandement écornée de voir quantité de cinéphiles quémander dans le noir aux marches du Palais comme moi la veille : ils ont une invit marron mais ils ne passent pas, ils me demandent de changer la leur contre la mienne qui est bleue,  j'en ai le coeur serré... Oui, après cette douche froide d'avoir changé le règlement dimanche matin sans crier gare, d'avoir changé les règles du jeu en cours de partie et donc décidé soudain qu'on n'accepterait plus les Pass cinéphiles avec une invit marron (compatible en principe avec tous les Pass), que les détenteurs de Pass cinéphiles devraient chercher une invit bleue comme les gens qui ne sont pas accrédités du tout, le coeur n'y est plus s'il en restait encore à Cannes dans cette ambiance cadenassée VIP avec vigiles appelant la sécurité pour un oui ou un non, festivaliers niant mollement la crise, rues désertées hors WE ; cette manip de nier les cinéphiles voyant leur existence rayée de la carte cannoise d'un coup d'humeur administrative, donne le ton de qui on souhaite voir aux séances du Palais des festivals : surtout pas les cinéphiles...
 

  




 
"Vincere" de Marco Bellochio


sortie 19 novembre 2009

 
Un film surchargé, c'est ce qui vient à l'esprit, préoccupé essentiellement d'esthétisme, avec un sujet passionnant que le réalisateur réussit à dévitaliser complètement, un tour de force... Le film retrace la vie d'Ida Dasler, maîtresse de Mussolini, le futur Duce ayant déjà une famille avec sa future épouse Rachele, dont cette femme amoureuse et exaltée aura un héritier qu'il reconnaitra, puis niera, un fils nommé  Benito (junior). Si on voit surtout Ida Dasler à l'écran, c'est de Mussolini et du fascisme que le film parle, ce qui explique peut-être le peu d'intérêt qu'on ressent à regarder froidement la descente aux enfers de cette femme quand, en fait d'empathie, le réalisateur tente le doublé de démontrer que calvaire d'Ida = calvaire de l'Italie sous Mussolini, lui, l'absent, abordé dans la seconde partie par images d'archives. 


 
Un ancien syndicaliste du PS ivre de pouvoir et de puissance, que ce soit politiquement ou sexuellement, défiant Dieu (première scène), n'hésite pas à exhorter à la guerre, s'oppposant au PS pacifiste, avec l'objectif de  prendre le commandement de l'Italie, de devenir le Duce règnant sur ses sujets. Mussolini va rayer de sa vie Ida Dasler, qui s'est ruinée pour financer son premier journal, en quelques minutes au retour de la guerre. Mais celle-ci va se condamner en voulant faire savoir qu'elle est la mère du fils du Duce, en hurlant la vérité, en écrivant sans relâche à toutes les autorités italiennes. Pour la faire taire, le tyran la fera enfermer, la séparera de son fils qu'il enverra aussi à l'asile. Les deux y finiront leurs jours. Dès le début du film, on a des inserts d'Ida le visage ravagé à l'asile, effets pesants et surnuméraires quand la majorité du film va suivre ensuite Ida d'un asile à l'autre, ce qui paraît largement suffisant.

Tableau ancien truffé d'envolées lyriques au propre et au figuré avec une belle patine par moments, hormis la performance d'actrice de Giovanna Mezzogiorno, avec qui le réalisateur redescend ensuite les marches (photos à leur sortie de la salle), on s'ennuie souvent ferme dans ce patchwork compliqué et pompeux, pourtant la salle applaudira longtemps après la projection, touchée par le récit, soulagée d'avoir sous le nez une violence supportable après le choc du Lars Von Trier de la veille...

 
 

 
De la Plage Orange au soleil... J7...

Plage Orange sous le cagnard, les peaux cramoisies de certains festivaliers affalés en témoignent... Je m'en vais faire un tour à l'ombre d'un paravent où on tourne l'émission quotidienne (destinée au web et aux mobiles) du
buzz média Orange.fr / Figaro.fr, accueil très sympa, ce qui tranche avec l'angle anti-convivial du restaurant Costes hébergé sur place...

7 minutes de rencontre flash avec Anne-Florence Schmidt, la directrice de la rédaction de Madame Figaro, répondant aux questions de Renaud Enguérand, rédacteur en chef  médias et technologie du Figaro.fr, à propos de la sortie le 4 mai d'un CD "Madame aime", réunissant  13 actrices françaises versant dans la chanson par exception (dont Isabelle Carré, Sylvie Testud, Rachida Brakni, Cécile Cassel, Léa Drucker, etc...)




La très chic directrice de Madame Figaro arrive sur le plateau improvisé du buzz média sur la Plage Orange, maquillage express, eau minérale, top départ. On parle de cinéma et du tropisme de Madame Figaro plus pour les actrices que pour le cinéma (au sens cinéphile du mot), c'est ce que j'en déduis à sa manière de parler des actrices un peu comme de femmes au superlatif... Le glamour des actrices, qui, pour l'invitée, est à la fois la femme "support" d'identification et celle qui fait rêver, en deux mots, celle à qui on voudrait bien s'identifier (avec la lecture des magazines, les photos, la mode, c'est plus facile)... D'où qu'elle ne trouve pas choquant le tandem actrices et pubs comme, par exemple,  Marion Cotillard pour un sac à main sac Dior (mini-film noir tourné par Olivier Dahan). Son coup de coeur pour l'heure dans la sélection officielle : "Looking for Eric" de Ken Loach avec Cantona, qui a monté les marches lundi avec sa compagne Rachida Brakni qui fait partie de l'aventure CD  "Madame aime" dont Anne-Florence S est venue parler, elle l'aime bien, ça se sent... Elle les M toutes... et déguste la prochaine sortie de 2 chansons inédites*** en bonus pour le CD "Madame aime" qu'on pourra télécharger en ligne à partir du 29 mai...

***2 duos inédits avec dans le désordre... Isabelle Carré, Sylvie Testud, Léa Drucker, Cécile Cassel.



Les sections parallèles :

Le coup de coeur Tadah!blog : "I Love you Phillip Morris" de Glenn Ficarra et John Requa à la Quinzaine des réalisateurs, affluence record, trois heures de file d'attente...


Cannes chez soi...

Comme je suis invitée par Orange à suivre le 62° festival de Cannes (
voir mon billet précédent...), outre mon billet de la Plage Orange entre J1 et J12, je donnerai tous les jours une idée de programme qui me plait sur Orange Cinéma Séries spécial Cannes du lendemain...



Faisant partie du cycle en hommage aux 50 ans Nouvelle vague (Truffaut/Godard)
et Bresson sur Orange Cinéma Séries spécial Cannes,  rediff de "L'Argent" (1982), dernier film de Robert Bresson qu'il tourna à plus de 80 ans, sur Orange cinégéants le mercredi 20 mai à 0h10. 

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Malaises en série pendant la projection de "Antichrist" de Lars Von Trier

J6, lundi 18 mai 2009



18 - 05
2009
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En sortant de la projection du dernier film de Lars Von Trier présenté ce soir en sélection officielle, je suis allée boire un petit remontant dans un bar. Cependant, j'avais sans doute moins trinqué que d'autres spectateurs, ayant quitté la salle quand Charlotte Gainsbourg  a dégainé sa boite à outils pour la boucherie finale, les pompiers appelés en renfort au Palais des festivals ont enregistré 5 malaises dans les 5 mn qui ont suivi ma sortie de la salle, les spectateurs traumatisés étaients installés sur des fauteuils rouges du SAMU avec le bras tendu, ambiance... Mais ce n'est pas tout, après la projection, Lars Von Trier est sorti en courant pendant les applaudissements mitigés et s'est enfermé dans les toilettes dont le délégué Thierry Frémeaux n'a pas pu le déloger.... Heureusement qu'il n'y avait pas emporté la boite à outils de son film... Le reste de l'équipe du film, Willem Dafoe, Charlotte Gainbourg (immense, mini-robe et démarche Jane Birkin années 70 avec son mari Yvon Attal petit comme Gainsbourg), a donc descendu les marches orpheline de son réalisateur disparu... Auparavant, j'ai aperçu rien moins que Mick Jagger qui quittait la salle sans que personne ne l'ai remarqué... Et puis, Christophe Barratier et une blonde qui n'était pas Nora Arnezeder avec qui il posait amoureusement il y a quelques mois à la soirées des Etoiles d'or à Paris. Dans la rue, Mélanie Laurent tout en bouclettes plantée devant la sortie du Majestic (elle a le rôle féminin du Tarentino programmé le 20 mai), Zinedine Soualem en famille, Rachid Bouchareb....

  


A propos de Majestic, je me suis pointée aujourd'hui avec l'idée de faire quelques photos et un vigile zélé m'a menacé d'appeler du renfort avant même que j'ai pu lui répondre que je n'étais pas suicidaire mais que je comprenais mal pourquoi la veille j'y avais passé une heure à mitrailler les stars sans que ça gêne les autres vigiles... Quand on paye 3000 Euros la nuit, on a envie d'avoir la paix, m'a dit l'ennervé comme s'il s'agissait de sa chambre, je n'ai pas voulu en rajouter en lui faisant remarquer que ce sont les maisons de production qui payent, pas les stars, ce qui explique leur absence (surtout  des stars américaines) cette année... Bon, il faut comprendre que Cantona, logé là, allait monter dans le quart d'heure suivant les marches avec Ken Loach pour "Looking for Eric" et que le personnage qui traitait autrefois son entraîneur de "sac à merde" n'est pas un modèle de zénitude, ça a dû survolter le service d'ordre qui avait déjà supporté l'émeute Johnny Hallyday la veille. Comme j'avais déjà vu le film à Paris en avant-projection que j'avais trouvé bien peu Loachien, je n'avais aucune envie de le revoir... (lire la critique du film...).


sortie 27 mai 2009



"Antichrist" de Lars Von Trier


sortie 3 juin 2009





Plus maniériste, plus mégalo, plus je signe chacun de mes plans et j'ai un style inimitable, c'est difficile,... Dès la première image, c'est une caricature de film d'auteur trop doué qui se prend à présent pour un génie. Prologue en noir et blanc, un couple fait l'amour dans une chambre, gros plan sur  la pénétration, les organes génitaux (et toc pour que le festivalier me remarque tout de suite !, semble dire l'infantile Lars VT qui s'épuise à provoquer tout le long du film), soudain, leur fils, un petit garçon blond, réveillé en pleine nuit et ayant observé ce que les psy appeleraient cette scène primitive, se jette par la fenêtre avec son ours en peluche dans la neige. Scène raccoleuse à la fois tire-larmes et pornographique avec des gros plans obèses des visages filmés comme des sexes béants, démonstration voyante du couple sexualité et mort.

Tout le film est à l'échelle de ce qu'on suppose la description autobiographique vaguement romancée des angoisses et de la folie du réalisateur, le récit maquillé de sa thérapie, il a dit en interview avoir fait ce film pendant une dépression nerveuse et il s'investit dans le personnage de la femme en deuil, le mari, thérapeute, transgressant la règle en faisant la psychothérapie de son épouse. Plusieurs phases de mal en pis : le deuil, la douleur (le chaos avec un chien/ou renard qui parle...), le désespoir. Pour soigner sa femme, le mari lui  demande ce qui lui fait peur, c'est ce qu'elle aime, leur maison à la campagne nommée Eden, il pourra donc ajouter à ses notes qu'elle a peur d'elle-même, grande trouvaille! Le couple va donc s'enfermer dans cette lugubre maison truffée comme le film d'une pléthore de symboles, gravures de martyres, etc...

La seule chose intéressante, c'est le rapport d'autopsie du petit garçon suicidé, on a noté une malformation du pied, or, le mari se rend compte que sur les photos, il a toujours ses chaussures inversées, se souvient qu'il pleurait quand sa mère mettait ses chaussures... Ca donne une indication nette mais contradictoire sur le récit affiché d'un deuil qui va rendre fou, folle la mère de l'enfant, quand on montre furtivement qu'en amont, elle étudiait les violences faites aux femmes et maltraitait son fils, en deux mots, que la perte de l'enfant n'est que le catalyseur d'un état psychotique latent... On peut également penser qu'on prenant une femme basculant dans la folie et non un homme, Lars Von Trier fait passer le message que la femme n'est pas l''avenir de l'homme mais que sa sexualité insatiable terrifiante le condamne à être castré (très nouveau aussi comme constatation!). Donc, au bout d'une heure et demi, le sang commence à couler franco et c'est le top départ d'une boucherie paroxystique finale qui semble être le prétexte de ce scénario pauvre à deux personnages, une femme et son psy de mari. Quand Charlotte Gainsbourg dégaine sa boite à outils, je ne regarde pas l'écran mais j'entends des cris dans la salle et je sors sans me retourner...

PS. Démarrant sur une musique de Haende, avc un titre de Nietsche, le film est dédié à Tarkovski, en toute simplicité...

A la sortie du Grand théâtre Lumière, je songe qu'il y a vraiment deux poids deux mesures, hier pour le films "Kinatay" de Mendoza où un gang de Manille  organise une expédition punitive sur une prostituée pour régler une affaire de drogue sordide, certains critiques n'ont pas supporté que le cadavre de la malheureuse finisse en morceaux dans des sacs poubelle, or, si ces comportements mafieux sont ignobles, on ne voit quasiment rien, on attendra les réactions des mêmes pour le Lars Von Trier, un des chouchous de la Croisette déjà palmé.


Willem Dafoe à Cannes (photo Isabelle Vautier)


De la Plage Orange par grand soleil... J6...





Je me suis accordé une journée plus calme avec un stop sur la plage Orange à chauffer une demi-heure sur un canapé en bord de plage avec une salade de fruits et un  coca. Au restaurant, avait lieu le déjeuner annuel des producteurs, pas des stars qui posent pour l'objectif mais du lourd, si j'ai bien compris... Aperçu le réalisateur Christophe Barratier (photo ci-dessus) venu parler affaires en plein-air plus tard, omniprésent à Cannes aujourd'hui puisque vu ensuite pour la projection d'"Antichrist" le soir.  Autre réalisateur présent dans l'espace lounge : Glenn Ficarra qui ne va pas tarder à faire parler de lui avec son film "I love you Phillip Morris" dès demain à la Quinzaine des réalisateurs, la particularité de film étant que malgré deux stars Hollywodiennes à l'affiche, Ewan Mc Gregor et Jim Carrey, il n'a pas de distributeur outre-atlantique, compte tenu de scènes gay explicites.

Les sections parallèles :

Le coup de coeur de Tadah! blog  : "J'ai tué ma mère" d'un très jeune réalisateur , Xavier Dolan, que Jonathan a aussi interviewé pour Radio Campus, film présenté à la Quizaine des réalisateurs.


Cannes chez soi...

Comme je suis invitée par Orange à suivre le 62° festival de Cannes (
voir mon billet précédent...), outre mon billet de la Plage Orange entre J1 et J12, je donnerai tous les jours une idée de programme qui me plait sur Orange Cinéma Séries spécial Cannes du lendemain...



mardi 19 mai à 20h45 sur Orange cinénovo, "Padre Padrone" des frères Taviani, palme d'or à Cannes en 1977,  adapté du roman autobiographique éponyme de Gavino Ledda, un film dont je garde un souvenir un peu austère et que j'aimerais bien revoir.

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"Kinatay" de Mendoza : le cinéma philippin peine à séduire le public et "Agora", péplum fleuve hors compétition

J5, dimanche 17 mai 2009



17 - 05
2009
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La journée démarre tardivement par le business des invit, on a franchi un palier avec la nouveauté du jour, n'hésitant pas à changer le règlement en cours de route, l'administration du festival a décidé que les détenteurs de Pass cinéphiles ne peuvent plus entrer avec les invitations marron compatibles en principe avec tous les Pass, ils sont désormais considérés comme nuls pour l'entrée au Palais* et il faut donc trouver des invit bleus comme pour les spectateurs non accrédités... Sympa pour les cinéphiles, juridiquement contestable, le rêve cannois... (voir aussi le billet sur le blog officiel du Monde.fr)...  Donc, arrivée une bonne heure et demi avant la projection de "Kinatay" du réalisateur philippin Brillante Mendoza, que personnellement j'apprécie mais dont je sais qu'aussitôt entrés, les festivaliers vont sortir de la salle car ce n'est pas un cinéma qui les amuse, ça n'est pas si facile de repêcher un ticket bleu, au final, j'en ai deux mais je ne peux pas offrir le second, pourquoi? Parce que c'est ma monnaie d'échange pour un autre billet, une autre projection, je voulais "L'Armée du crime" de Guédiguian, je décroche "Agora" d'Aménabar, peplum fleuve de presque trois heures avec la magnifique Rachel Weisz, épouse de Darren Aronosky à la ville.. Qu'elle est belle en montant les marches avec l'équipe d'"Agora" à 22h30 dans son fourreau strict émeraude avec pochette et talons argentés, une diva naturelle, un cas très rare, certaines actrices minaudantes pourraient en prendre de la graine..

*(sauf aux séances de 15h/22h/minuit et seulement en attente pour l'accès de dernière minute)

 
    
Rachel Weisz, photocall à Cannes pour "Agora" (photo Isabelle Vautier)     / sortie 6 janvier 2010
 

Tony Leung sortant du Majestic

Dans l'intervalle, je suis tombé opinément sur une copine photographe qui me donne de l'énergie pour me remuer rien qu'à la voir faire et je lui ai emboité le pas pour faire quelques photos moi aussi... Devant le Majestic Barrière, la foule attendait son Johnny national dont elle ne se lasse pas malgré ses incartades... Un Johnny Hallyday ayant remplacé Alain Delon dans "Vengeance" de Johnnie To (sortie en salles le 20 mai), maître du polar Hong Kong, film en compétition qu'on présentait ce soir à 19h30. L'idée de génie du service d'ordre fut de faire sortir l'idole des jeunes par le dos de l'hôtel Majestic quand l'avant est beaucoup plus protégé, très en retrait, résultat, une émeute... Beaucoup plus cool, l'acteur chinois le plus connu du monde, le héros de "In the mood for love" et "Lust, caution", plus récemment, le craquant Tony Leung, ne fait pas tant d'histoires pour poser avant de monter dans sa limousine, avant lui, l'actrice Michele Yeoh signe des autographes. L'actrice française qui monte, Hafsia Herzi ("La Graine et le mulet"), charmante, un peu timide, donne une interview improvisée au site Comme au cinéma, elle préfère aller voir le film de Guédiguian à la même heure que "Vengeance" dans la salle du 60° anniversaire. Encore plus populaire que Johnny, le King Cantona est déjà arrivé au Majestic pour présenter demain "Looking for Eric" de Ken Loach qu'il a produit et dont il a eu l'idée de scénario, ça promet de l'ambiance quand il sortira de l'hôtel...

Les réalisateurs cinéphiles, ça existe, Tarentino, qu'on avait déjà vu à la projection de "Thirst" de Park Chan-wook, a monté les marches pour "Kinatay" de Mendoza, pour la projection d'"Agora" d'Amenabar, on parlait de la présence d'Almodovar dans la salle. Le premier en compétition avec "Inglorious basterds" le 20 mai et le second avec "Etreintes brisées" le 19 mai (sortie en salles le 20 mai)...



"Kinatay" de Brillante Mendoza




On l'avait éreinté l'année dernière pour "Serbis" en compétition, cette année, Brillante Mendoza revient courageusement avec un film différent, non seulement de "Serbis" mais des précédents "Tirador" et  "John-John", films en immersion et en mouvement bien qu'il ait déjà ralenti l'allure dans "Serbis". "Kinatay" est assez particulier comme contruction, la première partie est presque classique, très colorée, si ce n'est qu'on retrouve, même plus légèrement, sa marque de fabrique de cinéma en immersion et ce génial travail sur le son en surégime (dans tous ses films), la pollution sonore dans une ville comme Manille, les d'embouteillages, le bruit de la rue,  la foule, le moteur dans la voiture, etc... l'agression par le bruit tel qu'on le perçoit de manière exacerbée et qu'on supporte de plus en plus mal. En revanche, la seconde partie, est filmée en apesanteur, forme dérivée de l'immersion ancrée cette fois dans un univers flou, une tranche de réalité insupportable, qu'on préferait oublier, filmée souvent dans la pénombre quand ce n'est pas quasiment dans le noir, ce qui est habile car c'est la part sombre de l'histoire et l'image correspond à l'action horrible qui est en train de se passer ou plutôt au cauchemar que vit ce jeune étudiant en criminologie. Démarrant par son mariage, le film se terminera par son épouse au foyer. Vie lisse le jour, travail ignoble la nuit pour arrondir les fins de mois, double vie, double film.

Le film démarre sur un jeune couple qui va se marier en empruntant un bus kitsch nommé "Jesus" , on sent à chaque film combien Mendoza  est en empathie avec  son pays dont il filme un aspect particulier à chaque fois. Mais, contrairement aux précédents films,  il montre ici, non pas la précarité extrême (les enfants mis en nourrice dans "John-John", la descente de police chez les dealers des bidonvilles dans "Tirador", la prostitution masculine dans "Serbis"), mais des coutumes dans une middle class moins pauvre mais pas très riche pour autant, ces mariages collectifs, ces repas de noces dans un fast-food, ces couples qui vivent presque tous déjà maritalement avant le mariage et que le juge sermonne comme le ferait un prêtre, met en garde, conseille. On aurait dû ce méfier de ce début de film pimpant... Ensuite, le jeune marié, sur les conseils d'un ami, accepte un boulot glauque avec un gang de Manille : collecter l'argent d'un trafic de drogue, se débarrasser d'une prostituée junkie, une certaine Madonna, qu'on enlève d'une boite de strip-tease crade pour une affaire de dope qu'elle n'a pas payé, de dealer qu'elle n'a pas donné... Dans la voiture, on la tabasse, on entend plus qu'on ne voit ce qui se passe, dans une maison isolée dans la campagne, c'est bien pire, on finira par se débarrasser de la malheureuse en la découpant en morceaux et en jetant le cadavre par fractions dans des sacs poubelles... Et l'équipe  de nuit ira ensuite manger un morceau aux halles...

Au passage, Mendoza tâcle les médias, au début, c'est le type qui menace de se jeter du haut d'une pub pour passer à la télé et dont on intègre les appels de la mère dans l'émission TV, à la fin, c'est toujours la télé qui interviewe les gens qui ont trouvé une tête dans un sac poubelle... J'ai vu en mars à Deauville au festival du film asiatique "Jay", un film philippin traitant de la dérive de la téléréalité, un homme assassiné dont la famille apprend la mort en direct par l'entremise d'une équipe de production d'une émission de téléréalité qui  s'invite chez eux, allume leur télé pour filmer la réaction de la mère et la soeur!!! 

Classé auteuriste, quand on voit les films de son compatriote Raya Martin (en section parallèle avec "Independencia"), Brillante Mendoza, c'est presque du cinéma commercial en comparaison! Mais ses films déroutent les festivaliers à la recherche d'un modèle connu, ce cinéma qui reste novateur a encore du mal à trouver sa place, dommage.
 
 
 
Hafsia Herzi
 
 
 
Ronit Elkabetz, Michele Yeoh
 
 
Tony Leung sortant du Majestic


Les sections parallèles :

Le coup de coeur de Tadah! blog  : "Eastern plays" à la Quizaine des réalisateurs où Jonathan F a passé toute la journée, films et conférences de presse.


Cannes chez soi...

Comme je suis invitée par Orange à suivre le 62° festival de Cannes (
voir mon billet précédent...), outre mon billet de la Plage Orange entre J1 et J12, je donnerai tous les jours une idée de programme qui me plait sur Orange Cinéma Séries spécial Cannes du lendemain...

Lundi 18 mai
sur Orange cinéchoc, démarre une semaine de films "Cult fiction" qui ont inspiré et influencé Quentin Tarentino comme "L'Année du dragon" de Cimino. Départ lundi  soir avec "Coffy" 20h40 et "Friday foster" 22h10, deux films avec Pam Grier, une actrice star de la blackexploitation, cinéma qui fascinait Tarentino adolescent, il la fera tourner bien longtemps plus tard en lui donnant le rôle principal dans "Jackie Brown".

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"Taking Woodstock" et "Un Prophète" : sélection officielle du peace and love revival au noir c'est noir + Marceau/Bellucci en rouge

J4, samedi 16 mai 2009



16 - 05
2009
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Avec le soleil de retour sur Cannes, la cohue du premier WE du festival s'est pointée ce samedi, un embouteillage de mille et un badauds et quêteurs d'invit tout autour du Palais des festivals, sur la Croisette, le Majestic encombré par un ballet de voitures officielles manoeuvrant entre ses portillons et allées de sécurité comme à la Maison blanche, même si les stars sont rares, hormis le tandem Sophie Marceau et Monica Belluci attendu cette nuit pour présenter "Ne te retourne pas", un film hors compétition. Côté salle Debussy, choper une invit est devenue un sport très ritualisé avec des bandes d'étudiants aussi doués que des pickpockets professionnels, la concurrence est rude. Le jeu consiste pour les mamies cannoises de l'après-midi à échanger une invit marron qu'on leur a donnée mais qui ne leur sert à rien sans Pass contre une invit bleue valable sans Pass, une dame à qui je demande qu'en cas d'échec, elle me refile l'invit marron, hurle qu'elle trouvera même si elle doit faire le tour de Cannes, etc...

  
Monica Bellucci et Sophie Marceau vers 3 heures du matin samedi à la sortie de la projection de "Ne te retourne pas"

Grâce à la gentillesse d'un attaché de presse que je bénis au passage! à midi, j'avais récupéré mon invit à l'orchestre depuis la veille, soit dans les meilleures places, pour "Taking Woodstock" aujourd'hui à midi. En sortant de la projection qui avait dopé le moral des festivaliers, il m'est venu à l'esprit qu'il ne serait pas trop difficile d'aller faire la manche pour le film suivant "Un Prophète" de Jacques Audiard, mauvais calcul, il m'a fallu quémander trois quart d'heures sans relâche, en lutte avec le gang des cannoises rodées citées plus haut, pour qu'enfin un monsieur timide me dise sotto voce "la voilà" en me tendant le sésame... A cette projection de 15h, on sera loin, très loin, d'avoir envie de rire, la violence d'une des premières scènes provoquant un frisson général dans la salle qui ne regarde l'écran qu'à moitié...

La séance de minuit et demi un samedi soir a fait le plein et le vide ensuite quand on passé le film hors compétition "Ne te retourne pas", le public était venu voir la paire de femmes so sexy qui font la couverture de Paris-Match cette semaine enlacées et nues, du coeur à l'ouvrage pour la promo, sans compter ce soir, se tenant par la main, les deux quadra stars sophistiquées dans deux robes rouge archi-moulantes, fourreau rouge vif pour une Sophie Marceau très amincie depuis quelques temps, décolleté mortel cerise et robe à traîne pour la Bellucci. Les 2 femmes en rouge sont restées un bon quart d'heure sur le tapis rouge à poser avec des mines pour les photographes, elles ont même signé des autographes à quelques pelerins chanceux mais on sentait qu'elles n'avaient pas l'habitude de s'arrêter devant les fans. Encore une galère pour obtenir une invit, connaissant mon peu de goût pour les petits matins, j'échange une invit pour demain matin 8h30  de "Vengeance" de Johnnie To contre un ticket pour cette nuit...



"Taking Woodstock" d'Ang Lee


(sortie 23 septembre 2009)

J'attendais un méga-concert abordé de manière psychédélique (comme l'affiche le promet) par le réalisateur de "Brokeback moutain" et "Lust, caution" (petit chef d'oeuvre qui a pourtant divisé la critique), j'ai trouvé une comédie semi-parodique cool, filmée de façon classique, dont le sujet n'est pas le légendaire concert de Woodstock mais le récit de ses préparatifs ("Taking" soit la "prise" de Woodstock) ou comment une petite ville ringarde de l'Amérique profonde devient le centre du monde hippie et rock pendant trois jours. Comme je viens de le lire sur le blog Laterna magica, vu hors Cannes, on n'aurait pas pensé que ce film tout public et populaire soit retenu en sélection officielle réputée auteuriste, ce qui marque un virage très net dans les choix des selectionneurs et va dans le sens de l'attente des spectateurs non festivaliers férus de comédies euphorisantes, ceux qui payent leur place dans les salles et n'ont pas envie d'aller acheter du Prozac à la sortie.


Mamie Gummer, Jonathan Groff et Demetri Martin  ( photo Universal)


Un couple d'émigrés juifs d'origine russe tyrannise gentiment leur fils, Elliot Tiber, peintre obscur et décorateur raté à New York, qui vient réguièrement leur prêter main forte au motel "El Monaco", un modeste établissement perdu au milieu de nulle part dans une bourgade américaine. Un fils dévoué, par ailleurs président de la chambre de commerce locale, qui a pour habitude d'organiser un humble concert chaque année, comme présenter un quattuor... Pour l'heure, cet artiste larvé héberge dans la grange, au grand dam de sa mère, harpie névrosée traumatisée par l'exil, une troupe de théâtre d'avant-garde qui prépare une version hippie happening des "Trois soeurs" de Tchékov et ne cesse de se dévêtir pour célébrer l'amour libre. Soudain, Elliot apprend que la bourgade voisine refuse d'accueillir un concert de musique rock et hippie... Intuitant qu'il tient la chance de sa vie, Elliot se met en contact avec les producteurs et met un pied, sans le savoir, dans la future légende du concert de Woodstock.


Demetri Martin, Liev Schreiber (photo Universal)

Outre Demetri Martin interprétant Elliot, on note dans le rôle du producteur, un acteur trop craquant (Jonathan Groff) qu'on dirait sorti tout droit des seventies tendance Jim Morrison, dans celui du travesti  décomplexé, Vilma, un étonnant Liev Scheiber et dans celui de Billy, un revenant du Vietnam, l'acteur montant d'Hollywood Emile Hirsch. L'époque est montrée par des infos, l'allusion à la guerre du Vietnam, le conflit en Israël, les parents rivés à leur télé pour le lancement d'Apollo et Neil Armstrong sur la Lune. Mais là où la frustration est trop forte, c'est quand on parle des invités au concert de Woodstock, Janis Joplin, Joan Baez, Grateful dead, Jimmi Hendrix, Bob Dylan, qu'on entendra pas, ne verra pas, pourquoi est-on privé d'images d'archives qu'on attend comme le Messie??? On me dira que ce n'est pas le sujet, que j'espérais un documentaire romancé, c'est exact... La salle, en revanche, est enthousiaste, beaucoup de rires pendant, le sourire en sortant de la projection. Un succès en salles en perspective.


"Un Prophète" de Jacques Audiard

 

(sortie 26 aout 2009)
 
Film choc magnifique de deux heures trente avec quelques scènes difficilement soutenables car réalistes et parfaitement crédibles, le film se passe presque entièrement dans une prison. Démarrant sur l'arrestation dans la pénombre d'un déliquant mineur, le jeune Malik, innocent et pauvre, sans relations ni ressources, c'est le récit de son apprentissage initiatique dans un univers carcéral ignoble où s'affrontent le clan des Corses mené par Cesar Luciani et celui des barbus. Etant moi-même d'origine Corse, je dois dire que j'ai été néanmoins émue d'entendre parler Corse comme là-bas avec les intonations, les apostrophes des hommes entre eux, les expressions usuelles au delà des mots et de l'accent (beau travail de coaching et extraordinaire Niels Arestrup) et surtout par le chant national Corse, le "Dio vi salve regina" qu'entonnent les prisonniers autorisés à terminer leur peine près de chez eux qui me fait tjs monter les larmes aux yeux...

Cette petite parenthèse perso étant fermée, le personnage de Cesar Luciani est assez monstrueux, commandant son organisation mafieuse depuis la prison, il fait la loi aussi sur place, donnant des directives aux matons. Ayant repéré qu'un certain prisonnier arabe dont il veut la peau a fait des avances à Malik sous la douche, il va l'utiliser pour l'assassiner de leur part dans sa cellule, la faute de cet homme étant d'être un témoin à charge dans un procès qui dérange beaucoup Luciani. Boucherie au rasoir terrible, un crime qui hantera Malik tout le long du récit au sens qu'on le présente à l'écran comme un fantôme lui donnant les conseils qu'il lui aurait donné s'il n'avait pas été obligé de le tuer.

Petit à petit, Malik va se contruire, protégé par les Corses qui le méprisent, faisant le ménage et la vaisselle chez Luciani, il apprend en cachette le corse et comprend ce qu'ils disent... Parallèlement, il parle l'arabe et peut être vu comme un frère par ses compatriotes, bien qu'il y perdra vite son indentité, corse pour les arabes et arabe pour les corses, il n'aura plus qu'un objectif : être lui et non le pion d'un clan. Allant même jusqu'à se la jouer petit chef roulant pour tout le monde et personne pendant un certain temps, l'appel des origines sera le plus fort... Au bout de cinq ans, Cesar Luciani solitaire et afffaibli, s'est paradoxalement attaché à Malik, une fois sa bande partie qui aurait pu s'offusquer qu'il ne s'en tienne pas à la loi du clan, mais la vengeance est un plat qui se mange froid, Luciani devrait le savoir mieux que quiconque et même le deuil de la vengeance, l'indifférence, est une vengeance passive, presque pire...

Pardon conflictuel et parcellaire, chemin de croix et résilience, c'est aussi le thème du film "Fish tank" d'Andrea Arnold, présenté jeudi, la survie en milieu hostile, la reconstruction de soi quoi qu'on vous ait fait subir, comment être un rescapé ayant droit à une vie... Deux films remarquables qu'on verrait bien au Palmarès... Meilleur acteur à Niels Arestrup? Comédien haut de gamme, toujours parfait, il est ici au delà de son art, somptueux dans ce rôle de truand cruel, vil et vieillissant.


"Ne te retourne pas" de Marina de Van
 

(sortie 3 juin 2009)
 
Certainement un des plus mauvais films du festival, dans le genre qu'on sort directement et discrètement en DVD. Une histoire classique d'une jeune femme écrivain, en quête d'identité, sujette à des troubles, des hallucinations, qui se voit devenir un hybride entre elle et ce qu'elle croit être, qui elle aurait pu être, traduit à l'écran par des effets spéciaux mélangeant les visages de Marceau et Bellucci. Pas un acteur ne joue bien hormis Brigitte Cathillon (et ça marque une sacrée différence quand elle est à l'écran), Marceau, puis Belluci, ont le même rôle de la jeune femme angoissée, plaintive, dont le visage se convulse pendant des plombes... Mal interprété, laid et ennuyeux, on a atteint le top du film médiocre. Sans les divas en satin rouge sur tapis rouge, qui se déplacera payer 10 Euros pour aller voir ce film?


  
"Ne te retourne pas" Belluci et Marceau



Les sections parallèles :

Le coup de coeur de Tadah! blog  : "La Vie intermédiaire"  à l'ACID dont le programmation devrait être reprise à Paris à la rentrée.


Cannes chez soi...

Comme je suis invitée par Orange à suivre le 62° festival de Cannes (
voir mon billet précédent...), outre mon billet de la Plage Orange de J1 à J12, je donnerai tous les jours une idée de programme qui me plait sur Orange Cinéma Séries spécial Cannes du lendemain...


Demain dimanche 17 mai à 20h45, soirée Caméra d'or sur Orange cinénovo avec "Bord de mer" (1982), premier film de Julie Lopez-Curval avec Bulle Ogier et Ludmila Mikaël.


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