22 - 05
2008
-
Qui est donc ce monsieur qui tient la palme d'or off du meilleur blog 2008* à Cannes que j'ai reçu tout à l'heure au titre du blog www.cinemaniacannes.fr? Tout simplement, un des hommes de la sécurité qui décident malgré eux de nos destinées cinématographiques à Cannes : nous laisser entrer ou pas dans le grand théâtre Lumière pour voir un film en compétition officielle, et justement, ce soir pour "Adoration" d'Atom Egoyan à 22h30, ce petit tour sur la terrasse du toit du très chic hôtel 3.14, lieu de remise du prix, m'ayant retardée, en dix minutes, je ne parviens pas à décrocher une invitation et la file d'accès de dernière minute restera fermée. Mais en arrivant essoufflée, l'objet sous le bras, je n'avais pas remarqué combien ça se remarque et la palme circule...
* Soirée au 3.14, Hugo Meyer, Le Blog Reporter (au centre), avait reçu la Palme d'or off du meilleur blog à Cannes en 2007
Les femmes-chats élues à la soirée des Palmes d'or off au 3.14
LadyKat et les femmes-chats soirée des Palmes d'or off au 3.14
LadyKat à la soirée des Palmes d'or off au 3.14
Flash-back sur une des dernières journées à Cannes : vers 14h, la chance me sourit, je décroche une invitation à l'orchestre pour aller voir le film de Philippe Garrel en compétition "La Frontière de l'aube", à ce détail près qu'une personne doit encore me maudire qui essayait de convaincre la donneuse de deux invitations à trois personnes que ce soit plutôt elle que moi, laquelle de nous deux était véritablement arrivée avant l'autre... Car les invitations sont de deux types : les marron qui nécessitent aussi un badge et les bleu pas. La jeune fille a plusieurs invit marron mais pas de Pass, elle cherche donc à échanger à un détenteur de badge un orchestre marron contre un balcon bleu mais les gens refusent alors qu'ils seraient beaucoup mieux placés à l'orchestre... Bref, ça me permet de voir la salle allumée qui se remplit, pour une fois que je ne cours pas... C'est frappant la différence de confort entre l'orchestre, avec avec ses fauteuils bien espacés première classe et ses quatre entrées de toilettes dans la salle, et le balcon vertigineux construit à pic où on a une seule porte pour tout l'étage avec une file d'attente immense dans le grand couloir en dehors de la salle... Autre avantage, au niveau 1, on accède directement aux stands mitoyens Nespresso et Contrex pour se désaltérer (pour les porteurs de badge ad hoc, bien sûr). Bref, la projection se passe à voir sortir les gens de la salle par grappes, ceux qui restent sont impitoyables, dans les passages oniriques, des spectateurs ricanent perfidement et à la fin, les sifflets, les huées, une horreur pour Garrel (dont on sait la démarche artistique pure et les difficultés économiques qu'il a à tourner un film) qui va ensuite monter les marches avec ses acteurs à la session de 19h30...
équipe du film "La frontière de l'aube" sur le tapis rouge, photo L'Oréal Cannes
photo les Films du Losange
Une histoire d'amour fou entre un photographe et une star de ciné, jeune actrice fragile et alcoolique, une histoire à la fois torride et abstraite dans le style Garrel avec focus sur les deux personnages seuls au monde qu'on ne voit pas dans d'autres activités de leur vie en dehors de leurs rencontres. Il sonne à la porte pour faire des photos, elle est entourée d'une bande de parasites qu'elle vire, mais, très vite, elle arrête la séance de pose. Le lendemain, elle a loué une chambre dans un hôtel pour les photos, ils ne se quitteront plus ou si peu. Carole, la star, est mariée à un homme qu'elle ne voit jamais sauf quand il revient à l'improviste et que François, son nouvel amant, s'échappe en caleçon sur le palier de l'appartement, scène dramatique vaudevillesque. François le prend mal, il refuse de revoir Carole, quelque chose s'est cassé.
Quand Carole tente de se suicider, François va tout de même la voir dans l'hopital psychiatrique où elle est internée. Quand on vient de lire l'interview de Laura Smet qui joue Carole où elle raconte son séjour à Sainte Anne et qu'elle est toujours sous traitement, on est choqué que le réalisateur lui fasse jouer son propre rôle ou à peu près même si c'est un peu aussi son histoire à lui... Camisole de force, séance d'électrochoc, une complaisance ingénue à montrer. Ceci dit, la première partie se terminant sur la mort de Carole est la meilleure, Laura Smet est photographiée somptueusement et surprend par son jeu juste et sobre. Un an plus tard, François rencontre une autre femme et s'apprête à l'épouser mais le fantôme de Carole vient le hanter... Dans cette seconde partie, les interventions oniriques fantômatiques de la suicidée ont suscité les consternantes moqueries de la salle, le fantastique poétique ne fonctionne plus...
Dans l'ensemble, si l'image et la mise en scène sont nettement plus belles que dans la plupart des films, c'est un cinéma anachronique avec des comportements introspectifs et des discussions Nouvelle vague sur le comment du pourquoi des mécanismes amoureux, on s'observe, on se raconte, on se regarde souffrir... Un cinéma bavard et poétique qui n'a pas évolué depuis trente ans où on croirait voir Antoine Doinel/JP Léaud avec Louis Garrel qui le pastiche inlassablement. Quand on a pris l'habitude des cinémas réflétant l'état du monde, ça ne passe plus, on a le sentiment que le réalisateur est figé dans une époque, celle des années 70, sans doute l'époque où il aurait dû être sélectionné à Cannes où il vient pour la première fois, sa carrière étant plutôt derrière lui. Pas sûr que cette sélection à Cannes lui rende service où on le jette en pâture aux fauves entre deux fêtes people, un dîner caritatif à 5000 Euros le couvert et une partie de poker de stars...
"A Festa da menina morta" de Matheus NachterGaele / Brésil / Un Certain regard
Sur les bords de l'Amazonie, Santinho, auteur d'un soit-disant miracle lors du suicide de sa mère, a été érigé en saint par la population et se fait servir par de nombreuses femmes qu'il tyrannise... Encore un film où tout le monde quitte la salle... Car ce premier film brésilien, en compétition pour la caméra d'or, est assez déroutant. En dressant le portrait d'une sorte de secte d'adorateurs de Santinho, la récit démontre la capacité illimitée de l'homme à développer les croyances les plus saugrenues pour conjurer la mort.
photo Fado filmes
Mots-clés : Cannes 2008, la Frontière de l'aube, Philippe Garrel, A festa da menina morta, Matheus Nachtergaele
Commentaires
Héhé : bravo pour cette palme !
Pas très élégants envers Garrel, quand même, à mon goût, les festivaliers, même s'il s'est planté... Je sais pas.
Enfin bref : bravo à toi, en tout cas :-)
D&D - 03.07.08 à 22:23 - # - Répondre -
← Re:
Bonsoir! L'ambiance à Cannes est parfois dure, les festivaliers ne sont pas toujours cinéphiles, loin de là et c'est lâche de siffler un auteur comme Garrel qui ne fait pas partie du circuit commercial, qui a du mal à monter ses films financièrement. @+
vierasouto - 05.07.08 à 03:03 - # - Répondre -