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CinéManiaCannes 2009



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Cannes 2009 de J1 à J12

Nuage de mots-clés des articles


Les reprises des sections parallèles à Paris et les critiques de 2 films en compétition officielle : "Mon Bonheur" et "La Nostra vita"



24 - 05
2010
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Les reprises des sections parallèles vont transporter le 63° festival de Cannes à Paris pour quelques séances de rattrapage du 26 mai au 6 juin 2010. Un Certain regard au cinéma Reflet Médicis à Paris, La Quinzaine des réalisateurs au Forum des images et la Semaine de la critique à la Cinémathèque française. La programmation est dense, comme on n'a pas le don d'ubiquité, il faut faire des choix... Rayon récompenses, le Forum des images programme le 26 mai le prix de la Quinzaine des réalisateurs "Pieds nus sur les limaces" de Fabienne Berthaud, le Reflet Médicis le 27 mai le Prix Un Certain regard "Ha Ha Ha" de Hong Sang-so. Pour les cinéphiles que la programmation du festival de Cannes intéresse aussi hors Croisette, paillettes et red carpet, c'est un arbre de Noël pendant quinze jours dans la capitale...

Un Certain regard au cinéma Reflet Médicis du 26 mai au 1er juin 2010
La Quinzaine des réalisateurs
au Forum des imagesdu 26 mai au 6 juin 2010
La Semaine de la critique à la
Cinémathèque française
du 3 au 6 juin 2010

LES PRIX

UN CERTAIN REGARD


Prix Un Certain Regard pour son film
"Ha Ha Ha" de Hong Sang-soo
Prix du jury pour le film "
Octobre" de Daniel et Diego Vega
Prix d'interprétation collectif à été décerné aux trois actrice du film "
Los Labios" de Ivan Fund et Santiago Loza : Adela Sanchez, Eva Bianco et Victoria Raposo.

LA QUINZAINE DES REALISATEURS

Prix : "Pieds nus sur les limaces" de Fabienne Berthaud
Prix SACD : "Illégal" d'Olivier Masset-Depasse
Prix EUROPA cinémas : "Le Quattro volte" de Michelangelo Frammartino
Caméra d'or : "Ano bisiesto" de Michael Rowe

LA SEMAINE DE LA CRITIQUE

Grand Prix "Armadillo" de Janus Metz
Prix SACD "Bi, Dung So! (Bi, Don't be afraid!) de Phan Dang Di
Prix OFAJ de la toute la jeune critique : "Sound of  noise" d'Ola Simonsson & Johannes Stjärne Nilsson

"Mon Bonheur"/"My Joy" (Sergei Loznitsa), la critique de Benoit Thevenin en direct de Cannes



Invité surprise de la compétition officielle,‭ ‬l’ukrainien Sergei Loznitsa signe son premier long-métrage de fiction après s’être taillé depuis quelques années une solide réputation de documentariste.‭ ‬"Mon Bonheur" renvoie moins au documentaire qu’à un style typique des cinématographies d’Europe de l’est,‭ ‬avec une mise en scène lourde et rigoureuse‭ ‬-‭ ‬mais ample‭ ‬-‭ ‬et un rythme étiré en longueur.‭ ‬Le film est long‭ (‬2h07‭) ‬mais sa durée est justifiée.‭ ‬On devine la volonté du cinéaste d’imprimer sur la pellicule sa photographie d’une Ukraine contemporaine toute bosselée,‭ ‬engagée dans une routine de corruption et de violence.‭

Loznitsa s’attarde beaucoup sur les visages des personnages,‭ ‬jusqu’à faire penser l’espace d’un instant à Bela Tarr,‭ ‬l’éminent cinéaste hongrois si prompt à interroger sans en avoir vraiment l’air la place de l’homme,‭ ‬sa condition sociale et morale,‭ ‬dans son pays.‭ ‬La démarche de Loznitsa est différente,‭ ‬moins spectaculaire d’un point de vue esthétique,‭ ‬bien que formellement le film soit quand même ambitieux et fascinant‭ (‬avec une photo signée Oleg Mutu,‭ ‬chef op‭’ ‬de Cristian Mungiu sur‭ ‬"4‭ ‬mois,‭ ‬3‭ ‬semaines et‭ ‬2‭ ‬jours",‭ ‬Palme d’Or‭ ‬2007‭) ‬,‭ ‬et avec une dimension philosophique moindre.‭  ‬Loznitsa emprunte des chemins détournés,‭ ‬quitte à perdre parfois le fil d’une narration que l’on considère‭  ‬à priori comme basique.‭

Le cinéaste déroule en fait une histoire très décousue,‭ ‬avec des personnages qui apparaissent et disparaissent sans que l’on établisse une véritable logique.‭ ‬Tous croisent le chemin de Georgy,‭ ‬un jeune chauffeur routier à la vie simple et recroquevillée mais dont le regard un peu naïf s’accommode du nôtre.‭ ‬On découvre un peu perplexe,‭ ‬avec lui,‭ ‬une société chaotique et dangereuse,‭ ‬jusque dans ses campagnes loin de la ville.‭ ‬Le désordre du film parait en fait très maîtrisé et aboutit à un constat sombre et désespéré,‭ ‬évidemment à l’inverse du cynique titre.‭ ‬La seule allusion au bonheur dans le film est liée à l’image de doigts dans le cul,‭ ‬comme si les Ukrainiens,‭ ‬dès lors qu’ils agissent et se débattent,‭ ‬étaient condamnés à leur autodestruction.‭ ‬Ce n’est pas tout à fait le propos du métrage,‭ ‬mais il en découle cet sorte de constat d’échec.

BT/Laterna Magika

"La Nostra vita" (Daniele Luchetti), la critique de Benoit Thevenin en direct de Cannes

"Mon Frère est fils unique"‭ (‬2007‭) ‬marquait le retour en grâce de Daniele Luchetti,‭ ‬cinéaste transalpin assez moyen mais qui avait déjà connu les honneurs de la compétition à Cannes avec "Le Porteur de Serviette" en‭ ‬1991,‭ ‬trois ans après avoir reçu la Caméra d’Or pour "Demain arrivera"‭ (‬88‭)‬.‭ ‬Pour "La Nostra Vita",‭ ‬il retrouve Elio Germano,‭ ‬l’un des trois jeunes acteurs révélés dans son précédent métrage.‭

Le film débute sur un ton léger.‭ ‬L’épouse de Claudio‭ (‬Elio Germano‭) ‬est sur le point d’accoucher et le couple,‭ ‬très amoureux,‭ ‬s’y prépare.‭ ‬Le destin frappe une première fois lorsque la maman décède en salle d’accouchement.‭ ‬Tout le monde est sous le choc,‭ ‬Claudio comme le spectateur qui n’est pas non plus préparé à cet écueil.‭ ‬Passée l’épreuve de l’enterrement et des larmes,‭ ‬le jeune veuf se doit de réenclencher sa vie.‭ ‬Ouvrier dans le bâtiment,‭ ‬il se consacre pleinement‭  ‬à son métier,‭ ‬s’y réfugie,‭ ‬sans oublier d’être père.‭ ‬Sur le chantier,‭ ‬Claudio dirige quelques travailleurs clandestins… Présenté en compétition à Cannes quelques jours après "Biutiful"*,‭ "‬La Nostra Vita"* ressemble au film d’Iñárritu mais délesté de la très grande lourdeur du cinéaste mexicain,‭ ‬délesté aussi d’une ambition de mise en scène comparable.‭ ‬

Sur bien des points,‭ ‬Luchetti fait preuve de modestie et pour un résultat qui s’il n’est pas extraordinaire n’en est pas moins intéressant et appréciable. Malgré la noirceur de son histoire,‭ ‬Luchetti ne verse pas dans le pathos ou le misérabilisme,‭ ‬à l’inverse d’Iñárritu.‭ ‬L’idée de l’Italien est ailleurs,‭ ‬son film n’est pas spécialement conçu pour faire pleurer dans les chaumières et distille plutôt son intérêt dans le portrait qui est fait de l’Italie actuelle à travers le personnage de Claudio.‭ ‬Luchetti montre une Italie dans ses plus grands travers‭ ‬:‭ ‬les préjugés racistes,‭ ‬une certaine misogynie,‭ ‬la corruption,‭ ‬des comportements dignes de la Casa Nostra etc.‭ ‬En même temps,‭ ‬les personnages parviennent à rester attachants,‭ ‬humbles,‭ ‬volontaires,‭ ‬pleins de vie.‭ ‬"La Nostra Vita" n’est alors jamais plombant quand bien même le sort s’acharne sur le personnage de Claudio.

BT/Laterna Magica


* Les deux acteurs principaux de ces films qu'on peu comparer, "La Nostra vita" (Elio Germano), de "Biutiful" (Javier Bardem), se sont partagé le prix d'interprétation masculine.



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Palmarès du 63° festival de Cannes et critique de la Palme d'or "Oncle Boonmee..." d'Apichatpong Weerasthakul



23 - 05
2010
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Palmarès paradoxalement brillant pour une sélection morose, de niveau inégal, dont se sont plaint de nombreux festivaliers tout le long de  cette 63° édition. Palme d'or à "Oncle Boonmee, celui qui se souvient des vies antérieures" qui suscite aussitôt des réactions de la presse type "un choix radical!" Or, il suffit d'avoir vu un seul film du thailandais Apichatpong Weerasethakul pour comprendre aussitôt que ce réalisateur est au dessus de la mêlée. La première question à Tim Burton à la conférence de presse qui a suivi le palmarès fut d'ailleurs "est-ce que vous avez déjà vu un film de Apichatpong Weerasethakul?, réponse négative... Prix du scénario à "Poetry" de Lee Chang-dong, l'auteur du magnifique "Secret Sunshine", prix du jury à Mahamat Saleh Haroun pour "Un Homme qui crie", premier film africain en compétition depuis des années. A part ça, la France se taille une belle part du gâteau avec Mathieu Amalric prix de la mise en scène pour son premier long-métrage "Tournée", Xavier Beauvois, Grand prix pour "Des Hommes et des dieux", enfin, le cas Juliette Binoche : voilà une actrice louée par tous, omniprésente, figurant seule sur la photo officielle du 63° festival de Cannes, qui obtient ensuite le prix d'interprétation féminine pour "Copie conforme" d'Abbas Kiarostami et ne trouve rien de mieux à faire en allant chercher sa Palme que de se plaindre en direct de Thierry Frémeaux qui avait programmé son film à 22h... (et donc pas à l'heure chic 19h...) A noter que la Palme d'or venait à peine de trouver un distributeur pour la France : Pyramide.
 

 
Juliette Binoche, Mathieu Amalric lors du photocall après le palmarès

       

PALMARES 2010

Prix du jury
"Un Homme qui crie" de Mahamat Saleh Haroun (remis par Asia Argento),
sortie 22 septembre 2010

Prix du scénario
"Poetry" de Lee Chang-dong (remis par Emmanuelle Devos), sortie?

Prix de la mise en scène

Mathieu Amalric pour "Tournée"  (remis par Kirsten Dunst) sortie 30 juin 2010


Prix d'interprétation féminine
Juliette Binoche pour "Copie conforme"(remis par Guillaume Canet), sortie 19 mai 2010

Prix d'interprétation masculine
Javier Bardem pour "Biutiful" ex-aequo avec Elio Germano pour "La Nostra vita" (remis par Diane Kruger), sortie 25 aout et 22 décembre 2010

Grand Prix
 "Des Hommes et des dieux" de Xavier Beauvois (remis par Salma Hayek)  sortie 8 septembre 2010

Palme d'or
"Oncle Boonmee, celui qui se souvient des vies antérieures" d'Apichatpong Weerasethakul remis par Charlotte Gainsbourg / sortie?


 

conférence de presse des lauréats après le palmarès
Apichatpong Weerasethakul, Xavier Beauvois
Mahamat Saleh Haroun, Lee Chang-dong


  

     


 
 
  
Javier Bardem et Alejandro Inarritu lors de la présentation de "Biutiful" (photo Isabelle Vautier) / Javier Bardem arrivant à la soirée de clôture
 

Thierry Frémeaux et Xavier Beauvois lors de la présentation "Des Hommes et des dieux" (photo Isabelle Vautier)

 
critique de la Palme d'or 2010, "Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures" (Apichatpong Weerasethakul)
par Benoit Thevenin en direct de Cannes



Le cinéma apaisé d’Apichatpong Weerasethakul tranche avec les évènements qui meurtrissent depuis de longs mois Bangkok,‭ ‬la capitale du pays.‭ ‬Dire que le cinéaste ne rend pas compte de la réalité politique et sociale de la Thaïlande est un fait jusqu’ici pas démenti,‭ ‬mais ça ne l’empêche pas d’être un cinéaste fascinant.‭ ‬Le cinéma qu’offre Apichatpong Weerasethakul est en premier lieu sensoriel,‭ ‬puis métaphorique et poétique.‭ ‬Le cinéaste nous installe dans une ambiance qui nous fait ressentir immédiatement une véritable communion avec la nature.‭ ‬C’est ce cadre là qu’investit le cinéaste,‭ ‬qu’il nous offre et qu’il sublime.‭


Comme avec ses précédents films,‭ ‬Apichatpong Weerasethakul nous conduit dans la jungle,‭ ‬reste obsédé par les esprits et l’idée de réincarnation.‭ ‬La ballade sauvage est hypnotique tant chaque plan est un miracle dans sa composition.‭ ‬Il se dégage une impression de pureté,‭ ‬sans doute du fait de cette lumière douce et particulière qui affirme le caractère de chaque image.‭ ‬Et c’est d’abord ça que le cinéma d’Apichatpong Weerasethakul propose.‭ ‬Ses films ne sont pas intéressants d’un point de vue narratif mais sondent l’intériorité des spectateurs.‭ ‬La façon poétique dont son évoquées des thématiques universelles comme la fin de vie et la mort,‭ ‬la réincarnation,‭ ‬permet d’instaurer une connexion avec les nos propres représentations.


Apichatpong Weerasethakul invite à une sorte de méditation,‭ ‬selon une démarche singulière dont on conçoit légitimement qu’elle puisse décontenancer.‭ ‬Il faut accepter l’idée d’une expérience de cinéma,‭ ‬qui est contemplative plutôt que narrative mais qui ne manque pas d’avoir une raisonnance quand même.‭  ‬Il faut accepter la part de mystère,‭ ‬se laisser‭  ‬attraper par l’univers du film,‭ ‬la puissance des images,‭ ‬leurs caractères magique et ensorcelant.

BT/Laterna Magika



 
Le délégué et le président du festival de Cannes (photo Isabelle Vautier)


Tim Burton et Isabelle Huppert pendant le 63° festival de Cannes , le président du jury 2010, la présidente 2009 (photo Isabelle Vautier)

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Cannes 2010 à J-2 sous haute surveillance avec "Hors la loi", compétition, les critiques de "Poetry" et de "Copie conforme"



21 - 05
2010
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Il semble que la polémique suscitée
aujourd'hui par la présentation du film "Hors la loi" de Rachid Bouchareb, production franco-algérienne en compétition sous pavillon algérien, ayant généré une manif d'anciens combattants (1200 selon la police, et, parmi les manifestants réunis devant le monument aux morts de l'Hôtel de ville, le député-maire de Cannes), ait donné au festival de Cannes des allures de camp retranché, mesures de sécurité maximum, fouilles complètes, contrôles, etc... Pour détendre l'ambiance de la conférence de presse, Jamel Debbouze, un des acteurs du film, a dit qu'il avait été lui aussi violé à 16 ans par Roman Polanski... Heureusement, le thaïlandais Apichatbong Weerasethakul, "Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures", second film en compétition du vendredi à J-2 de la clôture, méditatif, zen, loué par les critiques, a apaisé la Croisette.. Les palmarès des sections parallèles tombent, "Armadillo", Grand prix de la Semaine de la critique, "Pieds nus sur les limaces" de Fabienne Berthaud avec Diane Kruger et Ludivine Sagnier (en panne sèche de coiffeur sur le plateau du "Grand journal" de Canal+), "Illégal" de Olivier Masset-Demasse  et un film ayant fait l'unanimité chez les festivaliers "Le Quattro volte" de Michelangelo Frammartino à la Quinzaine des réalisateurs.

     
"Hors la loi", sortie 22 septembre 2010          /          "Oncle Boomee...", sortie?

Demain samedi, il reste deux films en compétition, le russe Nikita Mikhalkov, qui s'était déjà illustré cette année en salles avec 3 heures d'un indigeste remake de "12 Hommes en colère"("12") , ici avec "L'Exode, soleil trompeur 2", suite de "Soleil trompeur", déjà primé à Cannes, puis, "Un Garçon fragile, le projet Frankenstein" du hongrois Kornel Mundruczo, déjà en compétition en 2008 avec l'austèrissime "Delta", les derniers festivaliers ne vont pas se décrocher la machoire de rire comme Madame Verdurin dans "La Recherche"...


"Poetry"/"Poésie" (Lee Chang-dong), la critique de Benoit Thevenin en direct de Cannes


"Poetry" (photo Diaphana), sortie?

Avec "Poésie", Lee Chang-dong revient en compétition à Cannes, trois ans après "Secret Sunshine", véritable chef d’œuvre qui s’il ne lui a pas valu la Palme, à quand même permis à Jeon Do-yeon (laquelle est cette année l’héroïne du remake de "The Housemaid" par Im Sangsoo) de remporter le prix de la meilleure actrice. Après un tel tour de force, on se pose légitimement la question de savoir si Lee Chang-dong est capable de se hisser encore à ce niveau.

"Poésie"" est un formidable film mais n’a quand même pas la même intensité que "Secret Sunshine". Les deux films se ressemblent d’un point de vue esthétique mais n’ont sinon rien à voir. Le cinéaste nous a déjà habitué aux sujets difficiles mais toujours traités avec une certaine sensibilité, une grâce toute poétique. Lee Chang-dong s’intéressent avant tout aux laissés pour compte de la société, ceux que l’on ostracise, qu’ils soient handicapés ("Oasis") ou simplement, comme ici avec "Poésie", vieux.

L’héroïne (Mija) est une vielle femme qui élève seul son petit fils . Elle semble en forme mais apprend vite à l’hopital qu’elle commence d’être rongée par la maladie d’Alzheimer. Elle s’inscrit à un atelier de poésie, autant pour lutter contre l’inéluctable que pour satisfaire une curiosité rangée au placard. Son petit-fils est lui bientôt accusé avec quelques uns de ses amis d’avoir violé une camarade de lycée, laquelle s’est suicidé en se jetant d’un pont.

Le personnage de Mija rappelle celui de "Mother" de Bong Joon-ho. Elles sont deux mères courages qui se démènent pour sauver leurs protégés de la sanction impitoyable correlée à ce dont ont les accuse. Ainsi, comme Kim Hye-ja dans "Mother", Yun Junghee est de tous les plans. Le film tient donc entièrement sur ses épaules. Le personnage est tant admirable que l’on adhère facilement à son parcours et à l’histoire.

A travers le portrait de Mija, Lee Chang-dong réussit un film absolument magnifique sur l’isolement et la solitude des vieilles personnes. "Poésie" est plus doux, moins intense et violent que ses précédents films, et c’est d’abord en cela qu’il se démarque. En revanche, sa sensibilité poétique, carrément renvendiquée étant donné le titre, s’affirme davantage et nous touche, jusque dans un final bouleversant et ouvert aux interprétations de chacun.

 
BT/Laterna Magika

"Copie conforme" (Abbas Kiarostami), la critique de Benoit Thévenin en direct de Cannes


"Copie conforme" (photo MK2), sortie 19 mai 2010


Avec "Copie Conforme", premier long-métrage qu’il réalise en Europe et dans une autre langue que le persan, Kiarostami nous offre de renouer avec un cinéma narratif dont il s’était quelque peu détourné. Le cinéaste n’a rien perdu de sa rigueur esthétique et ne serait-ce que de ce point de vue là, "Copie Conforme" nous régale. Mais c’est au-delà de la seule composition des images que se focalise notre attention. Kiarostami instruit une double méditation sur l’art et le couple, menée de façon conceptuelle, ce qui ne manquera pas de désarçonner une partie du public.

La réflexion sur la qualité d’une oeuvre originale et celle d’une copie se déplace à d’autres champs, dont le couple donc, ce qui permet de se représenter un monde ou les frontières entre originalités et copies sont plus que ténues. Kiarostami construit son histoire en deux temps au moins, avec un
écueil narratif à mi-chemin, qui instaure un doute profond en même temps qu’il opère un changement de registre radical. Le procédé ne sera peut-être pas apprécié de tout le monde, car Kiarostami fait preuve d’une roublardise qui n’est pas forcément du goût de chacun. Sauf que finalement, la démonstration est éloquente.

Kiarostami livre une oeuvre théorique qui réussit à glisser vers un chemin narratif classique, même s’il conserve assez de  nuance dans son propos pour ne jamais perdre le fil d’une réflexion solide et passionnante. La prestation des acteurs, William Shimell et Juliette Binoche (qui n’a peut-être jamais été aussi bien filmée qu’ici), ne donne que plus de poids au résultat. On avait le sentiment d’avoir un peu perdu en cours de route le cinéaste mais Kiarostami nous revient plus en forme que jamais. L’air de la Toscane lui réussit très bien.

BT/Laterna Magika


 
Juliette Binoche et son partenaire de "Copie conforme" lors de la conférence de presse (photo Isabelle Vautier)


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Palmarès de la 49° Semaine de la critique : "Armadillo" Grand prix



20 - 05
2010
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Le Grand Prix de la 49° Semaine internationale de la critique, a été décerné le 20 mai 2010 à "Armadillo", documentaire sur la guerre en Afghanistan du Danois Janus Metz. C'est la première fois depuis 20 ans qu'un documentaire est sélectionné dans cette section parallèle du Festival de Cannes qui récompense des premiers et deuxièmes films.


Palmarès de la 49e Semaine de la Critique



Long-métrages

Grand Prix de la Semaine de la Critique

Jury: Décerné par la presse internationale (les journalistes sont invités à voter à chaque projection).

"ARMADILLO" Janus Metz

Prix SACD
Jury : Jacques Fansten, Laurent Heynemann, Gérard Krawczyk, Eric Kristy, Benjamin Legrand , Bertrand Tavernier (SACD).

"BI, DUNG SO!" ("BI DON’T BE AFRAID!") Phan Dang Di

Soutien ACID/CCAS
Jury : Sylvaine Dampierre, Mélanie Loisel, Dominique Marchais (réalisatrices membres de l’ACID) et Anna Defendini (CCAS)

"BI, DUNG SO!" ("BI DON’T BE AFRAID!") Phan Dang Di

Prix OFAJ de la (Toute) Jeune Critique
Jury: 24 lycéens français et allemands participant à la (Toute) Jeune Critique.

"SOUND OF NOISE" Ola Simonsson & Johannes Stjärne Nilsson


Court-métrages

Grand Prix Canal+ du meilleur court métrage

"BERIK" Daniel Joseph Borgman

Prix Découverte Kodak du court métrage
Jury: Pablo Fendrik (réalisateur) - Président
Nelly Kafsky (productrice), Sabine Lancelin (directrice de la photographie),
Lolita Chammah (comédienne), Trevor Groth (directeur de la programmation du Festival de Sundance)

"DEEPER THAN YESTERDAY" Ariel Kleiman


James Franco dont le court-métrage et celui de Kirsten Dunst ont marqué la soirée de clôture de la Semaine de la critique (photo Isabelle Vautier)

Les reprises de la Semaine de la critique

PORTO-VECCHIO
du 25 au 29 mai 2010
à la Cinémathèque de Corse
www.casadilume.com

PARIS
du 3 au 6 juin 2010
à la Cinémathèque française
www.cinemathequefrancaise.com

 

ROME
du 4 au 7 juin 2010
au Cinema Roma

BEYROUTH
du 28 juin au 6 juillet 2010
au Cinéma Metropolis en collaboration avec la Mission Culturelle Française au Liban
www.metropoliscinema.net

 

site officiel de La Semaine de la critique...



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Cannes 2010, compétition, Sean Penn absent pour "Fair game", les critiques de "Des Hommes et des dieux" et de "Outrage"



20 - 05
2010
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Ca sent la fin, une photographe dit que beaucoup de ses confrères sur le tapis rouge sont déjà partis, des stands ont été démontés, les festivaliers, qui manquent crucialement de sommeil, se traînent aux dernières projections, tournent d'une soirée à l'autre, le critique de cinéma de Télérama croit reconnaître à la gare de Cannes le sosie d'Inarritu... Une soirée ultra-VIP a transporté en hélicoptère 200/300 happy-few mercredi soir sur le yacht du co-fondateur de Microsoft, un palace flottant possédant deux héliports, tout ça pour fêter Mick Jagger venu présenter "Stones in exile" à la Quinzaine des réalisateurs. Le businessman des Stones a ignoré la presse, refusé les interviews... Aujourd'hui, la présentation du seul film américain en compétition "Fair game" de Doug Liman, a été endeuillée par l'absence de Sean Penn, l'acteur principal, en revanche, sa partenaire Naomi Watts a passé la semaine sur la Croisette puisqu'elle était déjà au casting du Woody Allen présenté le WE dernier. Trois films en compétition pour ce jeudi avec le film italien "La Nostra vita" de Daniele Luchetti et le film de Ken Loach (en compétition pour la 10° fois) ajouté à la sélection officielle deux jours avant l'ouverture. Ajout aussi in extremis hier soir d'un doc sur le film "Mammuth" en séance spéciale vendredi soir, une manière de faire venir Depardieu sur le tapis et peut-être de faire rester Adjani, déjà venue à Cannes mardi pour représenter une grande marque de joaillerie à une soirée au Cap d'Antibes où elle portait une drôle de perruque noir jais.


"Des Hommes et des dieux" (Xavier Beauvois), la critique de Benoit Thevenin en direct de Cannes


"Des Hommes et des dieux", sortie 8 septembre 2010

Le sujet était casse-gueule et pourtant Xavier Beauvois a magnifiquement relevé le défi. Le réalisateur du "Petit Lieutenant" suit les dernières semaines des septs moines du monastère de Tibéhirine en Algérie, avant leur enlèvement et exécution par un groupe terroriste en 1996. L’action se déroule quasi intégralement dans le huis clos du monastère, et l’austérité qui caractérise le lieu, si elle contamine logiquement le récit, n’est jamais lourde. Xavier Beauvois sait être subtil et en l’occurrence, si "Des Hommes et des Dieux" est une si franche réussite, c’est parce que le cinéaste décrit progressivement, avec beaucoup de délicatesse, tous les cheminements de pensées qui vont conduire les moines à se laisser tuer pour une cause qui n’est pas la leur mais qu’ils semblent comprendre.

Xavier Beauvois n’élude aucune problématique et si le film est impressionnant, c’est parce qu’entre tous les chants paroissiaux qui émaillent l’intrigue, l’objet des débats qui animent les moines n’est jamais vain, nous force à admettre différentes considérations vers lesquelles on ne se projette pas instantanément et qui rendent compte d’une complexité, tant morale, idéologique que personnelle et même politique, qui nous font comprendre ce que l’on peut estimer à priori impensable. Les moines se savent menacés et ont conscience de l’inéluctabilité de leur destin. Ce n’est qu’une question de temps, s’ils restent sur place, ils se feront massacrés. Le film montre alors une situation d’attente que l’on pourrait penser stupéfiante. S’ils restent, c’est qu’ils ont de bonnes raisons de le faire.

Beauvois livre un film intelligent qui a une résonance très actuelle. La lettre laissée par Frère Luc (Lambert Wilson, encore très bon, lui qui est déjà impressionnant dans "La Princesse de Montpensier") nous renvoie aux problématiques terroristes modernes, ce qui induit un certain pessimisme puisqu’on semble en rester aux même schémas. Le film ne fait pas que représenter un fait historique connu, il a une portée bien plus large et bien plus ambitieuse.

L’ambition de Beauvois se retrouve dans sa réalisation tout à la fois sobre et sophistiquée mais qui permet de ménager une véritable intensité. On pense notamment aux scènes finales, par exemple celle, forte,  du dernier repas commun sous fond du Lac des Cygnes ; ou les plans finaux qui permettent de conclure le film de la meilleure façon qui soit. Rien ne dépasse, tout est carré, et c’est une sacré bonne nouvelle que de constater que Beauvois arrive à changer de registre sans pour autant perdre sa grande maîtrise cinématographique. "N’oublie pas que tu vas mourir" avait été une révélation qui a été magnifiquement confirmée. "Des Hommes et des Dieux" est une réussite autant impeccable et implacable que "Le Petit Lieutenant", alors même que les deux métrages sont très différents et ne séduiront pas nécessairement les mêmes publics. Beauvois prouve surtout qu’il est un grand cinéaste, ca nous parait maintenant incontestable, et on espère que le jury de Tim Burton partage notre sentiment…

 BT/Laterna Magika


"Outrage" (Takeshi Kitano), la critique de Benoit Thevenin en direct de Cannes


"Outrage", sortie?


Réalisateur incontournable des années 90, Kitano s’était révélé avec quelques films de yakuzas violents qui oint vite fait sa réputation ("Violent Cop", "Sonatine"). Kitano s’est ensuite fait poète ("Kikujiro", "Dolls") avant une trilogie introspective singulière et à certains égards déroutantes dont on vient de découvrir en France le dernier volet, "Achille et les Tortues".

Avec "Outrage", Kitano semble revenir au cinéma de ses débuts, sauf qu’il s’agit en fait d’un objet hybride, un film complètement inintéressant qui va sans doute faire un peu tâche dans la filmographie quand même éloquente de Kitano. Le scénario de "Outrage" n’a absolument aucun fond et se résume à une succession de règlements de comptes entre clans de yakuzas rivaux. Le pitch est alors prétexte à un déferlement de violence mais burlesque (on sait que Kitano est à l’origine célèbre pour son  talent comique à la télé japonaise), avec une inventivité renouvelée à chaque séquence pour satisfaire l’appétit du spectateur.

"Outrage" n’est donc pas une purge, c’est au contraire un film drôle qui fonctionne comme un exutoire. On peut aussi rester sur notre faim car Kitano nous a habitué à bien mieux, parce que "Achille et les Tortues" nous laissait présager d’un vrai retour au premier plan du Kitano cinéaste. Gageons qu’il a dû bien s’amuser à réaliser "Outrage" et la farce que constitue le film est sans doute pour lui une honnête récréation. Sans doute la sélection du film à Cannes augurait d’une oeuvre d’un tout autre niveau, et c’est probablement de là que vient la déception. Cela dit, quoi qu’on dise, Outrage est de toutes les façons un tout petit Kitano.

 BT/Laterna Magika


Petit résumé des temps forts de mercredi 19 et jeudi 20 mai...

mercredi 19 mai
"Poetry" de Lee Chang-dong, second film coréen en compétition (avec "The Housemaid") pourrait bien faire partie du palmarès. L'actrice interprète de la grand-mère confrontée à son petit-fils est une icône du cinéma japonais des sixties/seventies qui reçut plus de scénarios en abandonnant le cinéma que Grace Kelly après son mariage et n'avait plus tourné depuis 17 ans. Habitant en France avec son mari musicien, elle parle couramment le français. Dans le superbe "Secret' sunshine", le réalisateur avait traité de la souffrance des victimes, dans "Poetry", il aborde plutôt l'angle de la souffrance des bourreaux. Autre film en compétition du mercredi 19 mai, le film Ukrainien "My Joy" de Serguei Loznitsa (un trentenaire aux regard gris séduisant et timide). Lors de la conférence de presse, presque uniquement des questions en russe, le réalisateur étant un ancien documentariste, son film "My Joy"est taxé de documentaire alors que c'est son premier film de fiction. Deux films en séance spéciale "Chantrapas" d'Otar Osseliani et les 5h33 de "Carlos" d'Olivier Assayas (avec une pause goûter) qui a séduit le plus grand nombre. A la quinzaine des réalisateurs, trois heures d'attente pour voir Mick Jagger présenter "Stones in exile", les autres Stones absents, il a assuré tout seul. Ce film passera en exclusivité le 10 juin à 20h35 sur France 5.


Mick Jagger à Cannes (photo Isabelle Vautier)


 
jeudi 20 mai
Très attendue bien que peu fréquentée faute de combattants, la conférence de presse de "Carlos" avec Olivier Assayas et ses acteurs, Edgard Ramirez acteur jouant Carlos, alias Illich Ramirez Sanchez, porte le même patronyme, Vénézuelien lui aussi. Le vrai Carlos lui a écrit de sa prison pour protester contre les inexactitudes du scénario. On y parle surtout du débat sur l'exclusion de "Carlos" de la compétition à cause de son financement par la télévision. C'est oublier un peu vite la palme d'or à un certain "Padre padrone", téléfilm des frères Taviani... Lire ma critique de "Carlos" (première partie) sur www.cinemaniac.fr...


"Carlos" (photo Canal+)

Trois films en compétition :
"Fair game" de Doug Liman avec et sans Sean Penn (retenu à Washington), Naomi Watts dans le rôle d'un agent de la CIA (présente également à Cannes) dénoncée par son administration sous le gouvernement Bush, n'a pas emballé les foules, certains même n'ont pas compris sa sélection... "La Nostra vita", film social de Daniele Luchetti, ancien assistant de Nanni Moretti, déjà venu à Cannes avec "Le Porteur de valise", n'a suscité aucune réaction...."Route Irish" de Ken Loach, "le 19° film" ajouté à la compétition, sur la guerre en Irak du nom d'une route en Irak, semble avoir pas mal ennuyé le pélerin ayant eu le courage de se rendre à la projection. Mais Ken Loach, déjà Palme d'or avec "Le Vent se lève", à qui le présentateur demande en bas des marches s'il possède un appartement à Cannes, compte tenu de ses dix sélections, est populaire, signant des autographes en bas des marches, ce qui est rare pour un réalisateur.

sections parallèles :
Aperçu l'actrice Géraldine Pailhas en robe de coktail en lamé décolletée dès le matin sur la terrasse de TV Festival, venue présenter "Rebecca H" de Lodge Kerrigan en section parallèle Un Certain Regard, fière que le rôle ait été écrit pour elle, très affectée en choisissant ses mots, maniant parfaitement les euphémismes du genre qu'elle ne rechigne pas à "se réjouir" en parlant des fêtes cannoises... Le seul film français sélectionné à Un Certain regard, "Simon Werner a disparu" de Fabrice Godert, donne envie de le voir, on en reparlera sûrement... La Soirée de clôture
de la Semaine de la critique a lieu un jour plus tôt que les années précédentes avec deux court-métrages réalisés par des jeunes stars US : Kirsten Dunst/"Bastard" et James Franco/"The Clerk's Tale".



Louise Bourgoin sur le tapis rouge (photo Isabelle Vautier)


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"Making Fuck off" : un nouveau film en sélection officielle à quelques brasses de la clôture!



19 - 05
2010
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"Making Fuck Off" de Fred Poulet rejoint la Sélection officielle. Il fera l’objet d’une projection exceptionnelle vendredi 21 à 21h dans la salle Buñuel." C'est par une newsletter
du mercredi 19 mai tard dans la soirée que le festival de Cannes annonce la nouvelle d'un film sélectionné in extremis,  à quelques brasses du palmarès et de la clôture... On ne peut s'empêcher de penser, que ce film sur le film "Mammuth", beau succès en salles, permettra la montée des marches salutaires  de deux stars patentées pour réveiller une 63° édition morose : Gérard Depardieu et Isabelle Adjani, déjà sur place mardi pour la soirée du joailler italien de Grisogono dont elle portait déjà les somputeux bijoux à la soirée des César.


"Macking Fuck off"
est donc un documentaire tourné en super 8 sur le tournage de "Mammuth" de Benoît Delépine et Gustave Kervern avec Gérard Depardieu, Isabelle Adjani, Anna Mouglalis et Yolande Moreau. "Mammuth", sorti en salles en France le 21 avril dernier. Le réalisateur Fred Poulet s’est fait connaître en 2006 avec "Substitute", doc co-réalisé par le joueur Vikash Dhorasoo sur la coupe du monde de football 2006.


Isabelle Adjani à la soirée de Grisogono du 18 mai porte-t-elle une perruque? (photo BIA)


lire la critique du film "Mammuth" sur www.cinemaniac.fr


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Cannes 2010 attend Mick Jagger, compétition, les critiques de "Another year", "La Princesse de Montpensier", "Un Homme qui crie" et "Biutiful"



18 - 05
2010
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Les pronostics ont démarré à Cannes, la presse française préfère "Another year" et "Biutiful", Benoit du blog Laterna Magika, en direct de Cannes et repris en duplex ici sur www.cinemaniacannes.fr, n'est pas du tout de cet avis, "Another year" serait même le film en compétition qu'il a le moins aimé. Néanmoins, tout le monde s'accorde à donner le prix d'interprétation à Javier Bardem pour son rôle d' homme agonisant dans "Biutiful". Les salles de conférence de presse se vident, hier, Xavier Beauvois avec "Des Hommes et des dieux" a dit clairement au micro qu'il était déçu du peu d'audience... Aujourd'hui, pour "Poetry" de Lee Chang-dong, un courageux photocall sous la pluie, un journaliste coréen se plaignant qu'une chaise est cassée...  Pour "My Joy", premier film Ukrainien en compétition, surtout des questions des journalistes russes... Car les deux événements de ce mercredi 19 mai sont off : les 5h33 du "Carlos" d'Olivier Assayas en séance spéciale, diffusé ce soir sur Canal+, et la venue du businessman Mick Jagger, et non pas des Stones au complet, comme les fans l'espéraient, à la Quinzaine des réalisateurs pour le documentaire "Stones in exile" en même temps que la réédition de l'album culte de 1972 "Exile on main street". Exclu : ce film sera diffusé sur France 5 le 10 juin à 20h35. A noter que la file d'attente pour la projection de 17h aurait débuté dès 14h, une photographe livetweet qu'elle s'est fait bousculer au photocall de Mick Jagger... C'est que le festivalier cannois, même saturé de nuits blanches au "Baron" et autres soirées sur les plages privatisées, villas VIP, yacht Arte, commence à ressentir le manque... (de stars), comble de malchance, Sean Penn, retenu à Washington pour son association en faveur de la recontruction de Haïti, a annulé sa venue pour "Faire game" demain en compétition). Autre séance spéciale plus confidentielle "Chantrapas" d'Otar Iosseliani, très politique, qui assène notamment en conférence de presse que "le nombre de crétins augmente sur cette terre"...


"Another Year" (Another Year), la critique de Benoit Thevenin en direct de Cannes


"Another year", sortie?

Tom et Gerri – la blague, ils ont apprit à vivre avec depuis longtemps – sont un couple épanoui d’une soixantaine d’année. Ils reçoivent à la maison, au gré des saisons qui défilent, Mary (Lesley Manville) une amie et collègue de Gerri. Mary est divorcée, ne fait pas tout à fait son âge, et désespère de trouver de nouveau l’âme sœur.

Mike Leigh est l’un des deux cinéastes en compétition à Cannes 2010 à avoir déjà gagné la Palme d’Or . C’était avec "Secret et Mensonge" en 96. Ca ne fait pas pour autant de lui un grand cinéaste et ce n’est pas non plus "Another Year" qui infirmera le constat. Mike Leigh est néanmoins un cinéaste intéressant, auteur par exemple du marquant "Vera Drake".

C’est d’ailleurs Imelda Staunton, l’inoubliable actrice qui incarnait Vera Drake, qui ouvre le bal. Elle confie à un médecin, qui s’avèrera être Gerri, ses problèmes d’insomnies, entre autre. La séquence est isolée du reste du film, on ne reverra pas la dame insomniaque. Leigh prend seulement soin de présenter sommairement chacun de ses personnages, ce qui permet de mesurer la grande proximité entre tous.

Leigh déroule ensuite tranquillement une histoire inintéressante au possible, figée dans l’appartement de Tom et Gerri et sa mise en scène théâtrale, très bavarde et plus fatiguante que divertissante ou captivante.

Le récit est particulièrement convenu et balisé, découpé en quatre partie qui sont très simplement les quatre saisons. Printemps : Mary est en quête d’amour, un peu déboussolée mais en quête d’amour. Eté : elle se découvre de passion pour quelqu’un de plus jeune qu’elle. Autome : elle subit la décéption de voir son fantasme convoler dans les bras d’une autre. Et comme Leigh a de la suite dans les idées, on ne nous épargne pas la séquence enterrement (+ enterrement des illusions de Mary) pour l’hiver.

Convenu et bavard, "Another Year" est aussi très long (2h10 quand même), et particulièrement pénible. Le stéréotype du couple d’ami parfait est des plus agaçant. Les autres personnages autour (le fils, le frère lointain, l’ami beauf etc.), ne sont pas moins formatés. Et puis pour ajouter à l’impatience d’en finir, il y a le jeu de Lesley Manville, particulièrement insupportable car sans cesse excessif. "Another Year" touchera sans doute quand même le public car il est impossible de nier une sensibilité propre, un charme simple qui raisonnera en écho chez certains. Les autres qui ne seront pas touchés, qui ne se reconnaîtrons pas dans ces personnages, auront eux plus de chance de s’agacer de cette bienveillance qui caractérise si bien le film dans son ensemble…

 BT/Laterna Magika

"La Princesse de Montpensier" (Bertrand Tavernier), la critique de Benoit Thevenin en direct de Cannes



"La Princesse de Montpensier, sortie 10 novembre 2010

En adaptant Madame de La Fayette, Bertrand Tavernier effectue un virage à 90 degrés par rapport à son dernier long-métrage jusqu’alors, "Dans la brume électrique", polar hanté tourné en anglais à La Nouvelle Orléans. Le film est une grande réussite et prouve la forme d’un cinéaste vétéran dont on se désespérait un peu – depuis "L’Appât" et "Capitaine Conan" au milieu des 90′s – qu’il nous offre encore de grands films. "La Princesse de Montpensier" est l’antithèse de "Dans la brume électrique", une adaptation fidèle, réalisée classiquement  mais pas non plus de façon pantouflarde, d’un classique de la littérature française.

Contrairement à Christophe Honoré, le dernier à avoir adapté Madame de La Fayette (La Princesse de Clèves) avec "La Belle Personne", Bertrand Tavernier a préféré une adaptation très traditionnelle, avec costumes, chevaux et une élocution un peu particulière des personnages, comme si décidément, dès lors qu’un film est en costume, les héros ne peuvent déclamer leurs textes naturellement. Cela fonctionne néanmoins, ce n’est pas un reproche, juste une interrogation passagère. D’ailleurs, les acteurs sont globalement très bons, spécialement Lambert Wilson qui porte véritablement tous le film sur ses épaules. Mélanie Thierry lui offre une réplique juste, et elle rayonne en plus de beauté. Finalement, c’est Grégoire Leprince-Ringuet (qui était déjà de "La Belle personne") qui soutient le moins bien la comparaison avec le reste du casting.

Bien rythmé, réalisé proprement mais sans morceau de bravoure, "La Princesse de Montpensier" peut décevoir par son classissisme autant que satisfaire ceux qui aiment le romanesque, les grandes passions amoureuses etc. Les lecteurs de Madame de La Fayette y trouveront eux aussi leur compte.

 BT/Laterna Magika

"Un Homme qui crie" (Mahamat Saleh Haroun), la critique de Benoit Thevenin en direct de Cannes


"Un Homme qui crie", sortie 22 septembre 2010

La présentation à Cannes d’"Un Homme qui crie" coïncide avec le cinquantenaire des indépendances africaines. La sélection du film est un évènement en soi car rare sont les longs-métrages produits sur le sol d’Afrique à franchir la mer et concourir pour la Palme d’Or. Mahamat-Saleh Haroun livre un métrage que l’on rapproche naturellement de "Chongqing Blues" de Wang Xiaoshuai, également en lice pour la Palme cette année et présenté quelques jours auparavant en ouverture de la compétition. Ce que les deux films partagent, c’est cette figure d’un père sur les traces de son fils. Les causes et conséquences ne sont pas les mêmes, mais la façon d’intérioriser les douleurs chez l’un et l’autre personnage conduit quelque peu à faire le rapprochement.

Dans le film de Mahamat-Saleh Haroun, le père est un maître-nageur – ancien champion national de natation – dans un complexe hôtelier à Ndjamena. La vie semble paisible, l’hôtel constituant un havre de paix préservé des troubles dont la radio rend compte. Le climat général est alors assez peu évident à appréhender. La réalité d’une menace existe, tout le monde en a conscience, mais le récit se déroule dans une quiétude qui n’est pas si rassurante. Chacun est fragile, il y a possibilité d’un endormissement alors même que ce qui se joue par ailleurs est grave et pourrait tout compromettre.

Le cinéaste décrit une situation qui n’est pas seulement celle du Tchad ou des nations africaines en péril à cause des mouvements rebelles. Haroun évoque une histoire simple mais qui dissimule plusieurs couches. La guerre est autant intime, sociale que politique. La guerre intime se noue autour de la relation entre le fils et le père. Pour ce dernier, la natation représente toute sa vie et il n’accepte pas que son fils lui vole sa place, le relègue à une fonction différente et symbolique (garde-barrière) car lui aussi a besoin de travailler. La dégradation du contexte social divise une famille qui initialement parait a priori solidaire et apaisée.

En parallèle, une guerre civile plombe toute l’ambiance. Un mouvement rebelle conteste l’autorité du gouvernement. Une contribution à l’effort de guerre est exigée et le père accepte de livrer son fils à l’armée. Il en aura vite le remord, d’où l’idée d’un père sur les traces de son fils. Tranquillement et sans heurt visible, tout se détériore alors, la famille, le social et le politique donc. Un très beau film, simple et profond qui mérite une véritable attention.

 BT/Laterna Magika

"Biutiful" (Alejandro Inarritu), la critique de Benoit Thevenin en direct de Cannes

  
"Biutiful", sortie 25 aout 2010

"Biutiful" est le premier long-métrage qu’Inarritu réalise d’après un scénario qui n’a pas été écrit par Guillermo Arriaga. Si l’on retrouve de nombreux thèmes de ses précédents films, un aspect multi-culturel, un goût pour le pathos et les tragédies sanitaires, "Biutiful" est quand même un film différent car ne répond pas à la logique kalédeoscopique de ses autres longs-métrages. On est soulagé, car ca commençait à devenir un peu trop systématique et de plus en plus  tiré par les cheveux.

Cette fois, l’histoire se déroule à Barcelone autour d’un père divorcé et ses deux enfants. Uxbal (Javier Bardem) mène une vie marginale, chapeaute un peu les trafics des immigrés illégaux dans la ville. Uxbal est un personnage complexe, assez dure et pas forcément sympathique. S’il aime ses enfants, il faire preuve d’un manque de patience, y compris avec eux. Il faut dire que la vie est difficile, qu’il peine à joindre les bouts et qu’en plus le sort s’acharne sur lui. Dès le début, parce qu’on fait quasiment connaissance avec Uxbal dans les couloirs d’un hôpital, on devine qu’il est atteint par un mal très grave. La révélation exacte de sa maladie interviendra plus tard, mais il n’y a guère de doute. Uxbal choisit de ne rien révéler et de continuer de vivre ce qui lui reste sans avertir personne. Son caractère s’assombrit davantage, son corps est de plus en plus marqué.

Incontestablement, "Biutiful" est un film misérabiliste, et il ne faut pas être allergique au genre. Inarritu n’étant pas le cinéaste le plus subtil du monde, il y a des raisons de s’inquiéter. Néanmoins, le drame fonctionne, et si le film est lourd et plombant, on note quand même qu’Inarritu a le soucis de ne pas rajouter de l’affect à l’affect. Il faut dire que la barque est déjà largement chargée.

"Biutiful" ressemble à "A la recherche du bonheur" de Muccino, mais dans une version nettement moins angélisée et douce, que le mélo avec Will Smith. L’ambition de mise en scène d’Inarritu est également très supérieure et  c’est ce qui fait plus que tout le reste l’intérêt et la qualité de ce film. Inarritu démontre à presque chaque plan son talent de metteur en scène.

Sombre et désespéré, "Biutiful" flirte parfois avec la complaisance par rapport à son personnage. Le film est autant haissable que admirable, et presque pour la même raison, pour l’émotion qu’il tente de déployer. "Biutiful" est un tire-larmes, un vrai, et c’est ce qui peut agacer. Les vingt dernières minutes, à partir de la confrontation entre le père et la fille, sont même particulièrement lourdes, surtout que le cinéaste ne peut s’empêcher l’artifice des poitrines collées et qui battent violemment l’une contre l’autre pour faire pleurer dans les chaumières. Inarritu, cinéaste racoleur ? On l’avait déjà noté bien avant, au moins dès "21 grammes". La pilule passe encore, mais peut-être de moins en moins. Inarritu se veut sans doute un grand cinéaste humaniste. Son cinéma est juste d’un humanisme consensuel, ce qui fait que son film plaira encore, sans doute. De là à primer "Biutiful" à Cannes ? Il ne faudrait pas abuser. Cela dit, Javier Bardem, formidable encore, de tous les plans et qui soutient donc le film de A à Z, est forcément un candidat crédible pour le prix d’interprétation.

 BT/Laterna Magika

 

Petit résumé des temps forts de  mardi 18 mai...

Troisième film français en compétition, "Des Hommes et des dieux" de Xavier Beauvois. Lambert Wilson, fatigué et exalté à la conférence de presse, en survêtement orange (absent, souffrant, pour la présentation de "La Princesse de Montpensier"), l'équipe soudée telle des frères comme les moines qu'ils interprètent dans le film. Un film qui a bénéficié d'une préparation quasi-mystique avec deux retraites pour les acteurs du film et un stage de chant liturgique. Michael Longsdale, acteur culte, vrai croyant dans la vie, fait partie du casting. Applaudi en conférence de presse, "Des Hommes et des dieux" a droit à une grande ovation après la projection officielle du soir.

  
"Des Hommes et des dieux", sortie 8 septembre 2010   /   "Copie conforme", sortie 19 mai 2010

Second film en compétition de la journée, "Copie conforme" d'Abbas Kiarostami, déjà palme d'or avec "Le Goût de la cerise" en 1997, qui sort en salles aujourd'hui mercredi 19 mai. Juliette Binoche fond en larmes quand AK apprend au cours de la conférence de presse que Jafar Panahi, réalisateur iranien emprisonné, membre fantôme du jury, a débuté une grève de la faim. Beaucoup de questions portent que la situation des réalisateurs de cinéma indépendant en Iran. Juliette Binoche, déjà omniprésente sur l'affiche officielle du 63° festival de Cannes, est louée de toute part, arrivant le soir sur le tapis rouge en compliquée robe argent noirci (pour le photocall, une tunique sans manches noire à col blanc sur un drôle de pantalon de cheval, elle lui en veut la styliste de Binoche?) Hors compétition, le dernier film de Stephen Frears, "Tamara Drewe", comédie qui semble avoir rafraîchi les festivaliers confrontés cette année à une selection officielle austère.


Lambert Wilson et Xavier Beauvois pour la présentation des "Hommes et des dieux" (photo Isabelle Vautier)


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Cannes 2010, Godard surprésent par son absence, compétition, les critiques de "Chongking blues" et "The Housemaid"



17 - 05
2010
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La nouvelle du jour, c'est Godard! Pour son film présenté à Un Certain regard, il n'a pas dérogé à ses principes, ne fréquentant pas les festivals et pas plus le festival de Cannes, le réalisateur icône sera absent. "Film socialisme" a une seconde particularité de taille : au même moment de sa présentation à Cannes, soit dès le lundi 17 mai, on peut le télécharger en VOD en avant-première sur le site FilmoTV... Une grande première que ce geste politique avec cet accès multimédia à son film, au fond, le militant de "La Chinoise" n'a pas changé... La lettre d'excuse de Godard à Thierry Frémeaux de ne pas être sur la Croisette évoque "des problèmes de type grec... et un PS : "avec le festival, j'irai jusqu'à la mort mais je ne ferai pas un pas de plus".

"Film socialisme", sortie 19 mai 2010
lire la critique du film sur www.cinemaniac.fr...

"Chongking blues" (Wang Xiaoshuai), la critique de Benoit Thevenin en direct de Cannes


"Chongking blues", sortie?

Fer de lance du cinéma d’auteur chinois avec Jia Zhang-ke, Wang Xiaoshuai – habitué des grands festivals internationaux ou il est souvent primé – débarque cette année à Cannes avec "Chongqing Blues". Le film est assez typique d’une certaine idée du cinéma chinois contemporain : relativement lent et dépouillé, un peu plombant aussi, mais quand même intéressant.

Wang Xiaoshuai n’est pas le cinéaste le plus compliqué à appréhender. Ses films sont très narratifs, faciles à suivre et comprendre, et "Chongqing Blues" ne fait pas exception. Souvent, les films du cinéaste brassent des questions plus hautes et larges que ce que le synopsis laisse augurer. Son précédent long-métrage, "Une Famille chinoise" est un mélo flamboyant, impressionnant, qui distille quelques problématiques très graves.

"Chongqing Blues", plus pudique, révèle bien davantage les blessures strictement intimes des personnages sans trop en déborder. Le héros est un père de famille, marin qui a quitté femme et enfant il y a très longtemps et n’est jamais revenu. Il retourne chez lui quatorze ans après et son ex épouse lui révèle la disparition de leur seul fils. Commence alors une quête du fils par le père, pour savoir quel personne il était et ce à quoi ressemblait sa vie, les gens qu’il fréquentait. Le fils est mort, tué par un policier alors qu’il retenait en otage une jeune femme dans la réserve d’un supermarché.

Il est alors d’abord question de la construction par le père de l’image d’un fils perdu dont il ne sait rien. Il recueille des témoignages et découvre peu à peu un lien avec ce fils qu’il ne soupçonnait pas et va le bouleverser davantage. Le film n’est pas pour autant, cette fois de la part du cinéaste, un mélo. Le personnage du père, quasiment de tous les plans, lourdement affecté, n’exprime apparemment aucune émotion. Le père contient toute sa souffrance, ses regrets irréversibles.

L’ambiance n’est donc pas très joyeuse mais Wang Xiaoshuai dessine un beau portrait humain de ses personnages. Le film est délicat, sensible bien que sans doute trop lourdement affecté. La réalisation sobre, sans chichi, coïncide avec l’esprit du film. Ce n’est probablement pas le meilleur film de Wang Xiaoshuai, "Une Famille Chinoise" et "La Dérive" avaient une ampleur et un fond peut-être plus riche encore, mais il s’agit quand même d’un très bon métrage, et qui constitue encore la preuve que Wang Xiaoshuai est un cinéaste qui compte.

 BT/Laterna Magika
 

"The Housemaid" (Im Sang-soo), la critique de Benoit Thevenin en direct de Cannes

  
"The Housemaid", sortie 15 septembre 2010
lire la critique détaillée du film sur www.cinemaniac.fr...

L’idée qu’un remake puisse obtenir la Palme d’Or est assez saugrenue, non? Le nouveau film de Im Sangsoo s’inspire d’un chef d’oeuvre du cinéma coréen (chroniqué ici d’ailleurs), une fable sociale, sombre et cruelle, tout ce à quoi la version nouvelle ne ressemble pas. Im Sangsoo reprend l’idée de départ mais ne poursuit pas la même finalité. Son film est construit différemment, adopte un point de vue quasi inverse, et ne dépoussière en rien le film original. Cette servante là est fragile et jamais manipulatrice ou inquiétante. Le cinéaste passe du conte social à un drame intime, classieux mais ampoulé, qui raconte finalement peu de choses de la société coréene actuelle.

Im Sangsoo, incontestablement, sait filmer. Les images sont toutes très belles, sophistiquées, mais le style est simplement poseur. Le cinéaste distille un faux trouble, un érotisme soft mais ne dérive jamais vers ce qui faisait la substance et l’intensité du film de Kim Ki-young : une confrontation psychologique autrement plus marquante et sombre, qui n’inspirait aucun espoir. Dans le film de Im Sangsoo, c’est tout l’inverse.

On ne va pas se plaindre de ne pas avoir vu le même film, rassurez-vous. Sauf que la réinterprétation de l’histoire par Im Sangsoo ne convainc pas. Le cinéaste reprend quelques élements de l’intrigue originale, qu’il n’explique pas nécessairement d’ailleurs, mais les détourne dans un but différent, quitte à mettre les deux pieds dans le plat du grotesque. Le plus dommageable, c’est cette conclusion étonnante et même ridicule, qui achève de nous convaincre du peu de finesse d’Im Sangsoo, quand bien même son aîné Kim Ki-young n’est déjà pas le cinéaste le plus subtil du monde.

Reste que cette version de "The Housemaid" n’est pas déplaisante à voir. Le rythme narratif est bien tenu et, comme le film de Kim Ki-young n’est pas nécessairement connu de tous, le remake peu surprendre agréablement. Il aura aussi vite fait d’être agaçant, du fait de quelques facilités et grossièretés. Le personnage du mari, au charisme assez nul, est peu présent à l’écran est toujours risible. On a presque affaire à un film de femmes, dans lequel les divers figures féminines s’affrontent de façon plus ou moins mesquine, en tout cas pas innocente.

Au final, Im Sangsoo livre un film qui ne soutient d’aucune manière la comparaison avec son modèle. Le résultat n’est en fait pas mauvais, pas très bon non plus. C’aurait pu être un remake intéressant, plus en phase avec son époque, mais ce n’est en fait qu’un film médiocre de plus, certes brillant dans forme, mais trop souvent grotesque pour le fond.

 BT/Laterna Magika



            
sortie 10 novembre 2010     /    
sortie 14 juillet 2010     /      sortie 24 novembre 2010

lire la critique de "Black heaven"/"L'Autre monde" sur www.cinemaniac.fr...
            

Petit résumé des temps forts de  dimanche 16 et lundi 17 mai...

Deux films en compétition le dimanche, le second film français, "La Princesse de Montpensier" de Bertrand Tavernier dont on apprend en conférence de presse par sa troupe de jeunes acteurs, Gaspard Ulliel, Melanie Thierry et Grégoire Leprince-Ringuet, qu'il tourne vraiment très peu de prises et obtient pourtant ce qu'il veut, ce qui les bluffe. Un film qui a suscité des réactions mitigées, certains sont sortis de la salle au bout d'une heure, d'autres n'ont pas vu le chef-d'oeuvre annoncé... "Un Homme qui crie", film tchadien et seul film africain à Cannes a été très applaudi après la projection. A noter que Grégoire Leprince-Ringuet a monté dimanche deux fois les marches! Pour le film de Tavernier et pour un film hors compétition en séance de minuit "L'Autre monde" ("Black heaven") de Gilles Marchand, thriller virtuel ayant la particularité d'être coproduit en partie par les internautes sur le site www.touscoprod.com. "L'Autre monde" et "Chatroom" d'Hideo Nakata, deux films dans l'univers d'internet qui suscitent des questions lourdes de journalistes sur les "dangers" d'internet... Hideo Nakata a d'ailleurs répondu à une journaliste de TV Festival de Cannes que c'est l'homme qui est dangereux et pas internet!!!

  
Javier Bardem dans "Biutiful", sortie 25 aout 2010     /     "Un Homme qui crie", sortie 22 septembre 2010

Deux films en compétition le lundi, deux réalisateurs ayant pignon sur rue : Alejandro Gonzales Inarritu pour "Biutiful" avec Javier Bardem, le premier film dont Inarritu est aussi le scénariste. "Biutiful", contrairement à "Babel", n'a qu'un seul lieu et un personnage central (Javier Bardem), mais comme l'a dit le réal en conférence de presse, le thème du film est au fond le même que "Babel", tous les protagonistes ayant un lien avec la corruption. Violent, Inarritu défend son film qu'on taxe de déprimant, en parlant de cette société internet sans émotion qui ne veut pas se voir, cette société "botoxée" qui ne veut pas vieillir... Présenté à l'heure chic le soir, "Biutiful" va pourtant déclencher une ovation. Plus tard dans la soirée, Takeshi Kitano monte les marches pour "Outrage", film parodique sanglant se passant dans l'univers des yakuzas avec une scène déjà culte chez le dentiste qui fait grincer des dents...


"Copacabana", sortie 7 juillet 2010
lire ma critique du film sur www.cinemaniac.fr...

Présenté le même jour que "Film, socialisme" de Godard
dans un Un Certain regard, "Carancho" de Pablo Trapero,  déjà en sélection officielle en 2008 pour "Leonera". Arrivée remarquée le dimanche d'Isabelle Huppert et de sa fille Lolita Chammah pour présenter lundi soir hors compétition le film "Copacabana" de Marc Fitoussi à la Semaine de la critique. Il semblerait qu'Huppert y excelle dans un registre qu'elle pratique peu, celui de la comédie. Le film sort en salles le 7 juillet.

 
 

 


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Cannes 2010, le WE : affluence pour les films hors compétition et assaut sur les sections parallèles, la critique de "Tournée"



15 - 05
2010
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Ayant finalement renoncé au chemin de croix du Pass cinéphiles à Cannes, abdiqué donc à regrets pour cette édition 2010, j'ai néanmoins une bonne nouvelle pour les lecteurs du blog : le privilège de pouvoir reprendre ici, avec son aval, les critiques de films d'un "envoyé spécial" à Cannes particulièrement cinéphile et opiniâtre, privilégiant la formidable moisson de films présentés sur la Croisette aux
chronophages fêtes cannoises, le journaliste Benoit Thevenin du blog Laterna Magika.

Arrivé le jeudi dans la nuit à Cannes, Benoit a déjà rattrapé tous les films en compétition officielle présentés depuis l'ouverture... le français "Tournée" de Mathieu Amalric, le chinois "Chongking blues" de
Xiaoshuai Wang, le premier des deux films coréens de la sélection, "The Housemaid" de Im Sang-so, le britannique "Another year" de Mike Lee. Et ce n'est pas tout, il a même pris le temps d'aller voir  quatre films à la Quinzaine des réalisateurs... Contrairement aux avis glanés ici et là dans les médias, sur le net, Benoit a aimé "Chongking blues", film qui suscité un ennui pas toujours poli, préféré "The Housemaid" original, chef d'oeuvre du cinéma coréen des années 60, à son remake pourtant brillant, pas du tout accroché sur Mike Leigh avec "Another year". "Tournée" est pour l'instant son coup de coeur.

(Pour ma part, je prendrai le relais avec le reprise à Paris des toutes les sections parallèles à partir du 26 mai.)


   
"La Servante” ("The Housemaid") de Kim Ki-Young, l'original 1960, en téléchargement gratuir sur "The Auteurs"


"La Servante” ("The Housemaid)", le remake 2010 de Im Sang-so
 
 
"TOURNEE" (Mathieu Amalric), la critique de Benoit Thevenin en direct de Cannes

 
sortie 30 juin 2010

 

"Tournée" est le film idéal pour démarrer les festivités et Cannes ne s’en plaindra pas. La charge délicate, peut-être préjudiciable, d’ouvrir la compétition à la Palme d’Or incombe donc au précieux Mathieu Amalric. Cet honneur lui revient effectivement naturellement tant Tournée constitue une bouffée d’air frais, est un film chaleureux et enthousiasmant. En ces temps de morosité, et le Festival de Cannes – entre contexte économique et météo capricieuse – n’y échappe pas, on apprécie d’autant mieux.

Indépendamment du contexte dans lequel le film a été découvert, Tournée constitue une excellente surprise. Mathieu Almalric n’est pas seulement un acteur passionnant, façonné par Desplechin mais pas seulement, il est aussi un cinéaste qui avec ses armes s’est déjà joliment débattu ("Mange ta soupe", "Le Stade de Wimbledon"). Tournée consacre sa sensibilité de metteur en scène autant que sa personnalité d’artiste au sens le plus large possible. Le film est un film d’acteur, sur la communauté du spectacle pour gfaire simple, certes, mais pas seulement. Tournée est autant un cri d’amour passionné à l’artisanat du spectacle, qu’aux femmes, au moins.

Amalric incarne lui-même un ancien producteur de télévision reconvertit promoteur d’un show burlesque d’effeuillage. Ses danseuses, il est allé les chercher aux Etats-Unis. Il leur a sans doute promis Paris, sauf que lui a en réalité ses raisons pour fuir la capitale.


"Tournée" (photo Le Pacte)

 

La tournée commence au Havre et finira à Toulon, et Paris constituera quasiment un mirage avec des filles qui seront rapidement livrées à elle-même, Joaquim Zand (Mathieu Amalric) se débattant entre plusieurs feux brûlants. Le personnage de Joaquim est parait-il en partie inspiré par le producteur de cinéma Humbert Balsan, lequel a déjà été le modèle pour le héros du "Père de mes enfants" de Mia Hansen-love, un film réalisé en son hommage. Là, l’hommage ne va pas directement à Balsan, plutôt aux filles et au spectacle, mais le lien avec le personnage du "Père de mes enfants" est tout de même perceptible, tant les deux personnages se débattent puissamment pour faire vivre des chimères presque utopiques.

Le film est alors très décousu, s’éparpille dans plusieurs directions qui sont celles prises par le personnage, mais sans qu’Amalric ne perde le film. Ce côté bouillonnant est particulièrement bien maitrisé, la cohérence n’est jamais galvaudée, et Amalric distille à merveille toute l’énergie du film. Les délicieuses actrices qui sont au coeur du film n’y sont pas pour rien. Elles sont belles, ont de fortes personnalités, une envie débordante de s’amuser. La farce cotoie de près quelques aspects un peu plus affectés, mais selon un équilibre parfait. Il n’y a semble-t-il aucune minute en trop dans Tournée. C’est un film vivifiant, enthousiasmant, qui donne envie d’embrasser la vie passionnément et sans se laisser ni marcher dessus, ni freiner par les quelques barrières inévitables qui s’opposent toujours. L’enthousiasme du film, en plus porté par une belle bande-son, est largement communicatif.

BT/Laterna Magika



Woody Allen et Naomi Watts sur les marches pour "You will meet a tall dark stranger" (photo Isabelle Vautier)


Petit résumé des temps forts de vendredi 14 et samedi 15 mai...

Le début du WE a été marqué par l'affluence autour des films hors compétition de deux réalisateurs stars.  Le vendredi 14 mai ,"Wall St, money never sleeps" d'Oliver Stone dont on apprend en conférence de presse que son propre père était trader... Une montée des marches très demandée, un service d'ordre musclé, avec Michael Douglas, Shia Lebeuf, et George Lucas en invité surprise. Idem pour le samedi 15 mai où on se bouculait sur les marches pour voir  "You will meet a tall dark stranger", le nouveau Woody Allen avec Naomi Watts. Deux films qui ont suscité un enthousiasme modéré... en sortant de la salle... Un seul film en compétition par jour pour ce début de grand WE,
le vendredi, "Housemaid", remake d'un film coréen de 1960,  le samedi, "Another year"  qui a occasionné une mystérieuse colère de Mike Lee contre un journaliste en conférence de presse ; le dimanche, on attend Bertrand Tavernier avec le second film français en compétition "La Princesse de Montpensier", adapté d'une nouvelle de Madame de Lafayette, et le film africain "Un Homme qui crie" de Mahamat-Saleh Haroun. Deux séances de nuit seulement au programme cette année, deux films hors compétition : "Kaboom", le dernier Gregg Araki samedi soir et "L'Autre monde" de Gilles Marchand dimanche soir, un thriller virtuel avec un beau casting : Grégoire Leprince-Ringuet (déjà dans "La Princesse de Montpensier"), Louise Bourgoin et Melvil Poupaud....

Aussi, comme on s'y attendait en lisant le programme dès le mois d'avril, les sections parallèles font salle comble :  A Un Certain regard,  vendredi "Chatroom", premier film sur internet du japonais Hideo Nakata, samedi, le tout jeune prodige canadien Xavier Dolan (découvert l'année dernière pour son premier film "J'ai tué ma mère"), avec "Les Amours imaginaires"  et le grand réalisateur allemand de l'Ecole de Berlin Christoph Hochhäusler avec "Under dir die stadt" ("The City below"). Mais ce qui semble avoir distrait le festivalier blasé, fédéré les people et la presse chic à l'Espace Miramar ce samedi soir, c'est l'histoire d'un pneu... "Rubber" de Quentin Dupieux à la Semaine de la critique...

Cannes Classic n'est pas de reste qui a sorti cette année l'artillerie lourde pour remonter le temps : Alain Delon et Claudia Cardinale pour la copie restaurée du "Guépard" de Visconti le vendredi, Catherine Deneuve et Almodovar pour présenter "Tristana" de Bunuel le samedi.. Vu un mini-reportage touchant sur Alain Delon dans le carré de la salle Debussy avant d'entrer dans la salle disant qu'il n'avait pas revu "Le Guépard" depuis 47 ans, qu'il ne pourrait pas y échapper à Cannes pour la reprise... mais que cela lui ferait du mal, lui et Claudia Cardinale étant les seuls survivants du film, Visconti, Reggiani, Burt Lancaster, tous disparus.



Benicio Del Toro, membre du jury (photo Isabelle Vautier)


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Cannes 2010, top départ à distance... "Tournée", "Chongquing blues" en compétition, les ouvertures des sections parallèles



13 - 05
2010
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Cela faisait trois ans que je n'étais plus solidement amarrée à TV Festival de Cannes pour la bonne raison que j'étais sur place trois années de suite avec la foi du Candide à donner du grain à moudre à mon blog cinéma... Et, à Cannes, non seulement, on n'a pas le temps de regarder la TV mais encore, faut-il avoir la chance de loger dans un palace pour la capter, voire aller la regarder aux heures d'ouverture à l'intérieur du Palais des festivals où cette chaîne est diffusée par ci par là ;  Mais, pour pénétrer dans le Palais des festivals, il faut posséder l'accréditation adéquate, ce qui n'est pas mon cas (cette année et l'année dernière) où je n'ai obtenu de l'administration cannoise qu'une accréditation cinéphiles n'autorisant aucun accès dans l'enceinte du Palais sauf une exception : tenter sa chance dans la file d'accès de dernière minute aux séances du soir (17h, 22h,minuit)... Les films de la sélection officielle sont ensuite repris pour les cinéphiles deux ou trois jours plus tard au cinéma de la Licorne à Cannes La Bocca assez loin de centre ville mais la plupart, comme je l'ai beaucoup pratiqué, font la manche aux alentours du tapis rouge. Nouveauté 2010 : on propose parfois depuis hier des places sur Twitter, vu tout à l'heure un festivalier qui ne se lèverait pas pour la projection du lendemain matin proposer deux places.

Il ne faut pas perdre de vue que le festival de Cannes est une manifestation professionnelle et qu'il vaut mieux avoir quelque chose à voir de près ou de loin avec le cinéma, professionnellement parlant, pour se faufiler... J'ignore pourquoi j'avais obtenu une unique fois pour mon blog un Pass pro en 2008, sans doute parce qu'à l'époque, nous n'étions que trois ou quatre blogs ciné sur place et aujourd'hui, c'est une pluie de cinéblogueurs "descendus" sur la Croisette, certains emmenés par Allociné et Philips, d'autres participant à des Web-TV (Tous à Cannes, PureChannel), des Twitter-programmes (Cannes Inside), etc... Bref! Depuis hier soir, retour devant ma TV... à Paris (avec tout de même un billet de train en poche pour dimanche)... et si on y voit tout mille fois mieux qu'à Cannes, les conférences de presse, les photocalls, les interviews de toutes les équipes de films et même des reportages au marché du film, manque l'adrénaline... Alors, comme dit mon mari qui finance mes notes d'hôtel en ronchonnant (et Dieu sait que pendant le festival de Cannes ça cartonne..) et à qui j'ai imposé TV Festival de Cannes en boucle depuis mercredi 12 mai 18h30, "tu va y aller pour y faire quoooiii?"... (la reprise de l'intégralité des sections parallèles débutant le 26 mai à Paris à quelques brasses...)

Hormis la séance d'ouverture mercredi soir en clair sur Canal, que tout amateur de cinéma a regardé, avec la montée de marches de l'équipe de "Robin des bois", film sorti le matin en salles dans toute la France, un président cool, Tim Burton, une Salma Hayek sublime en robe prune signant des autographes au bras de son milliardaire français de mari, François Pinault Jr, le couple d'acteurs Russel Crowe et Cate Blanchett venus remplacer Ridley Scott, empêché de prendre l'avion pour cause d'opération de genou, il y avait surtout à Cannes un événement à ne pas rater dans l'événement : l'"after" du film "Robin des bois" dans les salons du Majestic Barrière, situé en face du Palais des festivals, qui en a profité pour inaugurer officiellement la nouvelle aile de son hôtel mythique en vrai et en multimédia (Facebook, Twitter...) Le Majestic où vient d'ailleurs de débarquer ce soir Alain Delon, la dernière des stars, sous les ovations des badauds au pied de l'hôtel, de l'autel,... qui présentera demain vendredi 14 mai  à 18h30 une copie restaurée du "Guépard" de Visconti dans la section Cannes Classic avec Claudia Cardinale.

      

Un jeudi 13 mai qui a démarré à Cannes avec ses deux films quotidiens en compétition de la sélection officielle et les top départs de toutes les sections parallèles. Evénement marquant, la séance d'ouverture de la Semaine de la critique se voit saturée par un invité surprise : Lionel Jospin qui joue trois minutes dans le film "Le Nom des gens" de Michel Leclerc. Autre succès, qui faisait le buzz depuis quelques jours, l'ouverture de la Quinzaine des réalisateurs avec "Benda Bilili!"", documentaire du français Renaud Barrett sur un groupe de musique de la rue de Kinshasa dont les musiciens sont pour la plupart handicapés. Un Certain regard a démarré, pour sa part, avec un centenaire, Manuel de Oliveira, venu présenter avec son petit-fils, acteur du film, "Angelica".

J'ai regardé la conférence de presse du premier film français en compétition, "Tournée" de Matthieu Amalric, et celle du film chinois "Chongking blues" déplacé de la section Un Certain regard à la compétition dans un second temps. On aura sans doute vu et entendu un peu partout dans les médias le compte rendu de la journée du surdoué acteur/réalisateur/scénariste M. Amalric dans Cannes avec sa troupe d'artistes de "New Burlesque", strip-teaseuses et danseuses dans la mouvance à la fois du mouvement lesbien américain, des pin-ups des années 50 type Betty Page (et Dita Von Teese aujourd'hui), avec un show à propention comique : "Tournée" qu'a filmé le réalisateur, en réalité, il s'agit d'une vraie  tournée avec des vrais spectacles et des vrais spectateurs mais préméditée, scénarisée, avec une intrigue et Amalric dans le rôle d'un producteur looser. Un déjeuner sur le yacht Arte qui coproduisait le film, une arrivée, fait rarisssime, à pied, en fin d'après-midi, pour monter les marches, une bande de girls nommées Dirty Martini ou Mimi Le Meaux, en robe transparentes et méga faux-cils, dansant devant les photographes du tapis rouge, une ovation à la fin du film, un réalisateur heureux... "Tournée" a une date de sortie : le 30 juin 2010.


"Chongking blues"
 

Côté Chine, j'ai été très étonnée que les journalistes posant des questions au réalisateur chinois Xiaoshuai WANG soient eux-même tous asiatiques... Le sujet du film avait pourtant l'air passionnant (à la question posée plus haut, voilà ce que j'aurais aimé faire à Cannes aujourd'hui : voir "Chongking blues") : dans la ville surindustrialisée de Chongking, un homme à la recherche de son fils disparu, voyou assassiné, dont le père découvre la vie, les amis, les dernières personnes l'ayant vu vivant. L'occasion d'une réflexion sur la fracture générationnelle et la perte des valeurs dans la Chine d'aujourd'hui (et pas seulement en Chine), le rôle des parents démissionnaires, un ancien copain du fils qui commente, laconique,  "ah bon, il a/avait un père!" Bref, ce fim semble pourtant avoir pas mal  ennuyé ceux qui l'ont vu si j'en juge les com sur Twitter ou autre (j'ai même entendu l'enregistrement d'un critique dire qu'avec un titre pareil!!!, ça ne lui avait pas donné envie de se lever à 7h30 pour la projection presse...) Chacun ses goûts... A noter le titre orignal "Rizhao Chongking" traduit pas "Chongking blues" alors que rizhao veut dire "rayon de soleil" (un peu d'espoir en fin de film, dixit le réal).
La ravissante star chinoise Fan BINGBING a monté les marches avec l'équipe du film vers 22h en robe perlée rose chair so chic...
 
 

Tim Burton et le jury 2010 (photo Isabelle Vautier)

jeudi 13 mai

Matthieu Amalric "Tournée" (sélection O)
Xiaoshuai WANG "Rizhao Chongquing" ("Chongqing Blues") (sélection O)
Renaud Barret et Florent de la Tullaye "Benda Bilili !" (Quinzaine des réalisateurs)
Michel Leclerc "Le Nom des gens" (Semaine de la critique)
Manoel DE OLIVEIRA "O ESTRANHO CASO DE ANGÉLICA"
("Angelica") (Un Certain regard)


Demain vendredi 14 mai, bousculade prévue  pour un film hors compétition "Wall st, money never sleeps" d'Oliver Stone avec Michael Douglas. En compétition le premier film coréen : "The Housemaid" de Im Sang-soo (qui a l'air vraimen fameux).


Sources :
TV Festival de Cannes, sur CANAL+/CANALSAT canal 17 en France (9 et 55 à Cannes), sur Orange canal 50, lire mon article sur Canalsat.fr...
Facebook
Twitter ("Cannes Inside")
Web-TV comme www.touscoprod (Tous à Cannes) ou
www.pure-channel.com
Radio-Campus/"Ecran Large"


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