14 - 05
2008
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le jury compétition pose pour les photographes à la fin de la cérémonie d'ouverture
Claude Lanzman, Sean Penn, Natalie Portman (seule robe courte mauve), Alfonso Cuaron, Jeanne Balibar (filiforme en robe de soie blanche et coiffure années 60), Alexandra Maria Lara, Sergio Castellito, Marjane Satrapi, Rachid Bouchareb, Apichatpong Weerasethakul, photo www.cinemaniac.fr
Chemin de croix de la pêche aux invit pour la cérémonie d'ouverture, les gens vous répondent à peine quand ils vous répondent... Dans les grands hôtels, tout le monde se connaît d'avant le premier lifting, on se tombe dans les bras en robe du soir prêtée par un vestiaire de grand couturier et minceur anorexique des menus au prix de l'or où on ne mange rien, l'ambiance est tellement Bling-Bling qu'ils auraient pu l'inventer, tout Cannes sur festival est lamé or et argent, d'ailleurs Edouard Baer en animant la cérémonie d'ouverture ne leur a pas fait de cadeau en décrivant les festivaliers mondains avec un humour au vitriol.
Sean Penn en haut des marches avec les délégués du festival Thierry Frémaux et Gilles Jacob, photo L'Oréal
Près du tapis, les invités retardataires se pressent, portable à l'oreille, le tapis fermé à 18h30 en principe est encore ouvert vers 19h. Comme l'accès dit de "dernière minute" avec badge est fermé pour l'ouverture... un petit groupe dont je suis, tassé près des barrières de l'entrée, espére une invit en trop, une bonne âme... Les comportements des nantis sont de trois types : les gens sympas (rare) qui vous disent qu'ils sont désolés, les paranos qui vous fuient comme la peste et les colons qui vous jettent méchamment comme s'ils faisaient une excursion dans les bas-fonds de Manille qu'ils verront d'ailleurs en compétition dans "Serbis" de Brillante Mendoza dimanche... Mais, de temps en temps, un ovni, un insconscient, un philantrope, donne un billet à la foule, ça arrive... à celui qui bondit le plus vite, le sésame... Un jeune couple ayant obtenu une seule invit pour deux, ils me l'ont donnée, je suis donc entrée passé 19h quand toute la salle de 2300 places était comble, seul bonus : j'ai vu Sean Penn tardif et son jury arriver sur le tapis rouge et monter les marches, ça m'a un peu consolée de cette école de la VIPisation illimitée, cette incroyable construction hiérarchique sociale et artistique où il y a toujours un cran au dessus du VIP numéro tant...
La cérémonie d'ouverture que chacun a pu voir sur Canal Plus en clair est nettement plus enlevée que les années précédentes, Edouard Baer, n'a pas la langue dans sa poche, classe et lucide, et les extraits des films en compétition, puis les extraits des films de Sean Penn, sont une idée simple et sympa. Malheureusement, le pauvre réalisateur Claude Lanzmann, chargé d'ouvrir le festival, est un peu long et lent dans son speech, s'emberlificotant dans une recherche de parenté entre son cinéma et celui de Quentin Tarentino (leçon de cinéma cette année jeudi), une autre génération en voie de disparition qui prenait son temps, mais le public est impitoyable, les gens s'impatientent, sifflent, applaudissent pour le faire taire, charmant... L'intervention d'un mini-concert de Richie Havens à l'intention de Sean Penn, président du jury, a l'air d'être la seule chose de la soirée qui lui fait plaisir car les mondanités, ce n'est pas son truc, tout sur son visage dit que c'est un mec bien, l'ennui pendant les salades congratulantes, le sourire, l'émotion avec la musique de Richie Havens qu'il étreint (photo).
Le jury aujourd'hui, potins, anecdotes, engagements...
Conférence de presse du jury à 14h30 : toutes les questions ou presque sont pour Sean Penn, agacé qu'on lui parle du film de Clint Eastwood en compétition, va-t-il le favoriser..., il y revient... La jeune actrice allemande Alexandra Maria Lara neuve au jury (vue dans le film "Control" l'année dernière dans la Quinzaine des réalisateurs) semble s'être raprochée de Sean Penn, on note des sourires, des petits mots à l'oreille, sur les marches le soir, il l'enlace, protecteur... Vers la fin de la conférence de presse, Marjane Satrapi donne le La pour permettre à Sean Penn de fumer, Jeanne Balibar fume aussi, auparavant, le photocall a été superspeed, Sean Penn, au supplice de la photo qu'il déteste, a posé avec ses lunettes noires, pressé d'en finir, tentant de grimacer un sourire, à partir de demain matin, le jury n'aura plus droit de parler aux journalistes, ça ne devrait pas leur peser...
Cependant, Sean Penn l'a dit, la Palme d'or ira à un film engagé, conscient des problèmes du monde, au delà de ses qualités artistiques. Il encourage d'ailleurs les festivaliers à aller voir un film dans une section que le sélectionneur a créée pour lui : "La Séance du président" demain vendredi 16 mai à 19h15 le documentaire humanitaire "The Third wave" d'Alison Thompson.
Cependant, Sean Penn l'a dit, la Palme d'or ira à un film engagé, conscient des problèmes du monde, au delà de ses qualités artistiques. Il encourage d'ailleurs les festivaliers à aller voir un film dans une section que le sélectionneur a créée pour lui : "La Séance du président" demain vendredi 16 mai à 19h15 le documentaire humanitaire "The Third wave" d'Alison Thompson.
sortie 8 octobre 2008
l'équipe de "Blindness", photo L'Oréal
Le film d'ouverture "Blindness" du réalisateur Fernando Meirelles ("La Cité de Dieu", film culte, "The Constant gardener", film qui était déjà une commande américaine) est très dur, pour ne pas dire difficilement supportable, touchant un tabou : la santé, et pas n'importe quelle infirmité, celle de la vue, la cécité, Blindness (l'aveuglement). Ce conte philosophique fantastique met en scène une population dans Sao Paolo sur laquelle s'abat une sorte d'épidémie : les habitants vont perdre la vue, les uns après les autres, d'une minute à l'autre, et cela dès le début du film, un homme au volant de sa voiture, très impressionnant. Au lieu d'un écran noir, un écran blanc avec la vision de l'un ou de l'autre, c'est à dire du blanc ou de la couleur de celui qui y voit encore, ou des couleurs délavées, la voix off souvent, un film difficile d'accès sur la forme aussi...
Petit à petit, la vie de ces nouveaux non voyants s'organise dans une sorte de ghetto avec des dortoirs et l'émergence d'un chef, de rapports de force et la re-structuration des pouvoirs. La morale est que ceux qui voyaient mais ne voulaient rien voir vont paradoxalement retrouver la perception des choses qu'ils auraient dû voir du temps où leur vue physiologique était intacte. Pourtant, une personne conserve la vision : une femme, interprétée par Julianne Moore, qui tente de guider son mari nouvellement non voyant... Je ne suis restée qu'une heure, ensuite, je suis sortie de la salle, ce qui m'arrive très rarement... trop oppressant, angoissant, une nuit blanche, éternelle insomnie cauchemardesque... Pour les spectateurs solides, donc...
Petit à petit, la vie de ces nouveaux non voyants s'organise dans une sorte de ghetto avec des dortoirs et l'émergence d'un chef, de rapports de force et la re-structuration des pouvoirs. La morale est que ceux qui voyaient mais ne voulaient rien voir vont paradoxalement retrouver la perception des choses qu'ils auraient dû voir du temps où leur vue physiologique était intacte. Pourtant, une personne conserve la vision : une femme, interprétée par Julianne Moore, qui tente de guider son mari nouvellement non voyant... Je ne suis restée qu'une heure, ensuite, je suis sortie de la salle, ce qui m'arrive très rarement... trop oppressant, angoissant, une nuit blanche, éternelle insomnie cauchemardesque... Pour les spectateurs solides, donc...
Mots-clés : Cannes 2008, Ouverture 2008, Blindness, Fernando Meirelles